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Cultivons la curiosité

Ikigami

Le DVD.

Le DVD.

Cette semaine spéciale film vient se clore avec l'adaptation ciné du manga de Motoro Mase, enfin une partie de son manga, avec 4 histoires, la première introductive est très courte, mais les 3 autres sont plus développées. Entre 2005 et 2012 ce sont 10 tomes qui sortiront, et c'est en 2008 que le film de Tomoyuki Takimoto arrive dans les salles obscures japonaises. Film d'anticipation, on nous raconte comment, dans un Japon alternatif, une loi est passée, permettant d'inoculer aux enfants un vaccin dont 0.1% sera mortel quand ils auront entre 18 et 24 ans. Lors d'une date et heure précises, une capsule explosera les poumons du malheureux. Dans un soucis de bien faire les choses, le gouvernement a décidé que 24 heures avant cette mort programmée, le (ou la) malheureux(se) se verra remettre un préavis de mort, un Ikigami, lui donnant la gratuité de nombreuses choses, comme les transports les restaurants par exemple. Il est bien précisé que si l'individu se lâche trop, ou pire commet des crimes, c'est sa famille qui devra assumer les conséquences de ses actes, l'entraînant souvent dans une crise et un endettement mortel. Bande annonce avant.

Vidéo de Kazé.

Nous allons suivre Fujimoto, qui intègre le bureau chargé de remettre ces Ikigami. Ayant passé les 24 ans, il décide de servir son pays en livrant les préavis. Job difficile, les réactions étant diverses. Si la loi est ainsi passée, c'est pour redonner la joie de vivre aux gens, et aussi augmenter la productivité tout en baissant le taux de criminalité. La façon dont c'est fait est à la fois juste (on peut être fils de politicien, de riche, de pauvre, et avoir autant de "chance" d'être affecté par la capsule mortelle), et à la morale délicate. Pourquoi accepter de mourir parce que des gens l'ont décidé. Je m'exprime mal, mais de vraies questions se posent, surtout quand on sait que quiconque s'oppose à cela se voit offrir un petit lavage de cerveau gratuit. Nous sommes ainsi à la limite de la dictature.

Avec mon mauvais résumé, j'espère de pas vous dégoûter de voir ce film, mieux, de lire le manga. J'y reviendrai plus tard sur ASHOU, mais l'œuvre originale est excellente, un Seinen effrayant et plus trash que ce film. Ainsi le premier cas que nous voyons, permettant l'introduction rapide du monde d'Ikigami, nous montre un jeune homme faisant fi de la consigne de ne pas commettre de crime, il cherchera à se venger de ses tortionnaires du lycée. Histoire très rapide, mais montrant la face un peu sombre de cette loi et que l'idée de dire à un individu qu'il va mourir dans 24 heures n'est pas forcément une bonne chose. Dans le manga c'est beaucoup plus violent, mais j'y reviendrai.

La première histoire développée, concerne ce chanteur de rue repéré par une maison de disque. Alors qu'il faisait la manche avec un ami, Tanabe est le seul à avoir une chance de percer dans la musique. Son ancien ami se retrouvant à ramasser les ordures. Seulement Tanabe n'est pas très heureux avec les contraintes du star system, les producteurs faisant tout pour que son nouveau duo fonctionne. C'est sa mère qui recevra l'Ikigami, et là on peut voir le côté délicat du travail de Fujimoto. Cette histoire est superbe, et en plus bien mise en scène malgré l'alternance de flashback et donc de ce show que prépare Tanabe, qui pense d'abord à bouffer dans un restaurant chic, avant finalement de faire quelque chose lui plaisant lors de ses derniers instants, à savoir chanter une chanson de son ancien duo de la rue, "panneau de direction", dont les paroles sont traduites, absolument magnifique, la chanson est encore plus forte en émotion quand on sait que le personnage va mourir, inexorablement. Le duo reformé un court instant à travers le tube cathodique ne manquera pas de vous extirper une larme. Si en plus on prête bien attention à se segment, nous verrons la femme politique qui verra son fils recevoir l'Ikigami lors du segment suivant.

Car sur les 2h15 du film, nous venons d'en passer une à introduire la loi, le personnage de Fujimoto et son supérieur bienveillant, mais aussi ce premier segment. Les deux histoires suivantes seront menées en parallèle par le réalisateur, avec cette parlementaire qui, trop exigeante auprès de son fils, en a fait un jeune homme reclus dans sa chambre, à entasser des immondices, je sais que ça porte un nom, mais je ne m'en rappelle plus. La façon dont elle essaiera de se servir de son fils pour gagner l'élection est à gerber. Sur cette histoire on ressent moins d'émotion, surtout la faute à la dernière histoire en parallèle, celle de Satoshi et Sakura. Déjà, c'est l'excellent Takayuki Yamada qui interprète Satoshi, le premier truc auquel j'ai pensé c'est "hey, il y a Serizawa de Crows Zero", je n'ai pas encore chroniqué les films de Miike Takashi, mais j'avais adoré son personnage dans ce film, même dans le 2 aussi. Voilà, c'était le passage anecdote rigolote dont vous vous moquez.

Ensuite, c'est surtout que l'histoire est triste et magnifique en même temps. Dans le manga elle marque, et dans le film elle est magnifiquement bien mise en image. Tout débute alors qu'ils sont très jeunes, un accident de voiture, en plus de les rendre orphelins, ôte la vue à Sakura. Dès lors Satoshi fera tout pour protéger sa jeune sœur. Quitte à lui mentir, à se battre et à être engager dans une mafia pour bien s'occuper d'elle. Quand il recevra l'Ikigami, il sera un peu perdu, avant finalement de faire don de ses cornées afin que Sakura recouvre la vue. Tout en continuant de lui mentir. Seulement, la faute à une maladresse de Fujimoto, la jeune femme apprendra le mensonge et refusera l'opération, sauf si son frère est encore vivant à 10 heures le lendemain. Et je vous laisse découvrir la suite, magnifique est riche en émotion. Tout comme la conclusion de l'histoire de la politicienne, elle aussi forte en émotion. Une fois de plus on ne manquera pas de chouiner un petit peu, tant c'est superbe et triste.

Et tout ceci avec en ligne rouge, euh, fil rouge, l'interrogation grandissante sur le bien fondé de cette loi par le personnage principal, Fujimoto, dont on perçoit l'évolution au travers du film. On adorera aussi son supérieur, bienveillant, qui lui demandera de ne pas faire de vague, non pas pour lui clouer le bec, mais pour lui éviter un lavage de cerveau. On regrettera que l'idée de rébellion du manga ne soit que peu présente dans le film, mais en même temps c'était délicat à mettre dans le film. On regrettera aussi et surtout, le côté ultra violent de la toute première histoire, choquante dans le manga, et ici légèrement édulcorée, mais si ça peut vous donner envie d'aller acheter les livres, bah allez-y.

Dire que ce film a bientôt 10 ans, quand même. La réalisation est propre, les histoires s'intègrent parfaitement les une aux autres (parfois se déroulant en parallèle), les acteurs sont impressionnants je trouve. Ce qui effraie le plus c'est l'idée que ce monde, où l'on sacrifie 1 enfant sur 1000, est réaliste. Ce qui impressionne le plus, c'est dans les bonus, quand la dame jouant la voisine de chambrée de Sakura explique que ça lui rappelle l'ordre de, j'ai plus le nom, quand l'état obligeait, mobilisation, là, l'ordre de mobilisation, quand l'état imposait aux jeunes d'aller à la guerre. Ce qui est confirmé par le mangaka lui même dans ces bonus du DVD. Prouvant une fois de plus que ce n'est pas tant de la fiction que cela. Excellent film, fort en émotion, effrayant par moment, il mérite d'être vu je pense, en tout les cas j'adore vraiment, une excellente adaptation du manga du même nom, à voir.

@+

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