Triangle

Il y a quelques années, j'avais tendance à me renseigner sur les films, surtout ceux dit "de genre", en lisant des magazines, et en me renseignant de ci ce là sur le net. C'est ainsi qu'après avoir vu l'excellent Severance, j'ai constaté que Christopher Smith, son réalisateur, allait sortir un nouveau film nommé Triangle et super sympa paraissait-il. Ainsi j'ai lu le coup de la boucle temporelle (désolé, je vous spoil un peu), mais aussi une scène filmée sans effets spéciaux, celle du miroir marquant la fin d'une boucle. Il est vrai que quand on voit le film, ça impressionne un peu, mais là n'est pas le plus intéressant, car oui, si je chronique ce film dans cette semaine spéciale cinéma, c'est qu'il est bon, voire excellent. Ainsi en 2009 sort ce film, dont le dos du boitier ment ouvertement, il n'y est jamais question du triangle des Bermudes, bon, j'y vais un poil en fort en disant que c'est un mensonge, car il est clair que le titre fait allusion à ce mystère, mais il n'est jamais ouvertement cité, et quand on regarde le film, la boucle temporelle n'a pas grand chose à voir avec ce lieu bizarre. Mais passons, petite bande annonce.

Ainsi nous suivrons Jess, une mère célibataire d'un enfant autiste qui décide de se prendre 1 journée avec son ami Greg, sur un voilier. Dit ainsi c'est gore, surtout que l'on découvre Jess dans sa maison, et que son fils disparaît, puis on la voit habillée différemment arriver pour partir en balade, et il semble qu'un truc bizarre se soit passé avec Victor, car celui ci sent que quelque chose va mal avec Jess, on apprendra plus tard qu'elle est évasive dans ses propos, disant que son fils est à l'école un samedi. Greg lui cherche des excuses, lui qui est encore célibataire et qui, on dirait, voudrait bien faire zizi panpan avec Jess, mais en se mettant en couple avant bien sûr. Car si nous sommes en présence d'un film d'horreur, ce n'est pas une série B ou un film d'ados boutonneux, donc il ne sera pas question de sexe, vous pouvez ranger vos engins, enfin engins, vos petits trucs plutôt.

La balade en voilier est sympathique, jusqu'à l'arrivée d'une tempête, celle ci va renverser le bateau, et après avoir perdu la meuf qui sert à rien, Heather, nos amis vont trouver refuge sur un vieux, mais genre vieux, paquebot, en apercevant une personne sur le pont avant de monter à bord. Sachez que cette boucle va durer 45 minutes, et que les suivantes seront de plus en plus courtes (comme vos petits trucs). Et là, un conseil, si vous ne l'avez pas encore fait, soyez attentif à tout. On se rappellera de Victor disant que ça va mal, et on comprendra pourquoi à la fin, les dialogues, les personnages, tout est à retenir. En fait non. Parce que de façon habile, le réalisateur nous rappelle les événements passés, en allant plus vite sur certains points, et l'angle change, ce qui offre une autre vision (magnifique, bravo le veau, l'angle change nous offrant une autre vision, c'est magnifique, je ne trouve pas les mots). Vous verrez en plus qu'il y a des variantes, et que l'on peut très vite se retrouver perdu avec les doubles, les situations qui diffèrent légèrement. Je vous rassure, ce ne sera jamais le cas, le film ne dure que 1h34, ce qui permet, poissons rouges exceptés, de bien tout avoir à l'esprit quand on recroise un personnage.

Et il va s'en passer des choses. Le bateau est désert, pourtant nous avons vu quelqu'un au début, c'est sûr, ça part en sucette quand Jess et Greg vont visiter une chambre (la chambre 237, hommage à Shining de Kubrick ?), avec du sang, et un message sur le miroir, allez au théâtre. Cool. Puis Jess de se faire attaquer par un Victor en sang, sans que l'on pige pourquoi. Ensuite ce sont Downey et Sally qui accuse Jess d'avoir tué Greg, genre elle a un fusil et c'est elle qui tire du balcon ? Les gens sont stupides quand même. Sauf si.... vous verrez la suite, mais des détails laissent deviner ce qui va suivre, et au réalisateur de nous montrer des images marquantes, comme cet amas de cadavre de la même personne, chose impensable. Ainsi ce ne sont pas moins de... trois boucles il me semble qui vont avoir lieux sous nos yeux, éclairants un peu plus le téléspectateur qui se pose mille questions.

C'est à la fin du premier acte, de la première boucle, vers 45 minutes, qu'une infime partie des réponses commencent à débouler. On comprendra comment Victor se retrouve avec un trou dans la tête, sur la dernière boucle, qui est cette personne en bleu de travail avec un sac à patates sur la tête (faisant penser au tueur de Timecrimes), et surtout en possession d'un joli fusil faisant des dégâts ravageurs. Tout prend un sens, même si une fois de plus des questions restent en suspens, dont nous obtiendront l'éclair...cissement, ou ...rage, je ne sais plus, en toute fin de film. L'action se déroule en majeure partie sur le bateau et offre des grands moments d'horreur, peut-être pas d'horreur, mais d'angoisse oui. Ainsi, sans que l'on comprenne pourquoi et alors qu'elle semble folle, nous prendrons partie pour Jess, qui fait tout pour que tout le monde s'en sorte, quitte à essayer de briser la boucle. En toute toute (oui deux fois) fin, on comprendra son véritable objectif, et là difficile de ne pas spoiler, dommage car il y a analyse à faire sur notamment le chauffeur de taxi et la photographie qui vire au gris, en sachant que personne ne prête attention au personnage que nous suivons depuis le début. Le coup de la mouette nous fait comprendre que quelque chose de grave va encore arriver. L'ironie du truc est que si elle n'avait pas vu la mouette, serait-ce arrivé ? Pour tout vous dire, il n'y a qu'une question qui me taraude, d'où vient-elle ? On en la voit jamais se changer après tout, donc on ne pige pas d'où elle sort, ou de quand elle sort. J'ai une idée sur la fin, mais difficile de l'exprimer sans spoiler, pour moi le chauffeur de taxi est assez explicite, ainsi que le choix qu'elle fait.

Il m'est délicat de plus vous en parler, j'ai déjà trop spoilé, et ça risque d'être pire. Les acteurs sont convaincants, et si j'ai encore du mal pour savoir d'où elle sort sa tenue et aussi quand le message sur le miroir s'efface, il n'y a pas grand chose à redire, on nous fournit très peu d'explications dans le premier acte, on subit plus qu'autre chose, tout comme Jess d'ailleurs, et progressivement on apprendra ce qu'il se passe, tout comme le personnage principal. La réalisation est nickel, brillante, bluffante. Christopher Smith nous mène en bateau (vous l'avez la blague pas drôle ?) du début à la fin, et le twist final donne envi de revoir le film. J'ai évidemment adoré ce film, et ne puis que vous le conseiller, à voir au minimum une fois, mais une seconde séance est utile pour voir toute la qualité de la réalisation.

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