Cultivons la curiosité
Le cinéma d'animation franchira un pas important quand, en 1995, les studios Pixar sortent le premier film d'animation en images de synthèse. Ils font ceci avec l'aide de Disney, et cette année marque donc le début de la coexistence entre animation traditionnelle et celle en images de synthèse.
C'est pourquoi cette semaine spéciale cinéma sera consacrée aux premiers films d'animation en images de synthèse ayant assez marqués le septième art pour en faire des sagas, ou tout du moins des univers marquants, se déclinant parfois à la télévision.
L'image de synthèse était très chère à l'époque, aujourd'hui, n'importe qui peut faire des effets spéciaux (avec After Effects par exemple) ou même une courte vidéo. Pourtant, réaliser la prouesse de Pixar n'est pas à la portée de n'importe qui, même en 2018. C'est dire si le film, comme l'animation traditionnelle, a plutôt bien vieilli.
Surtout réservée à l'industrie du Jeu Vidéo, ce procédé n'était pas encore étendu aux consoles (ou débutait tout juste avec la PlayStation de Sony et la Saturn de SEGA), et c'était les joueuses et joueurs PC qui voyaient, parfois, des courtes saynètes. Souvent pixelisées, elles étaient pourtant marquantes. N'oublions pas que, dans mon esprit, le vrai emploi narratif correcte des images de synthèse se fit avec « Final Fantasy VII » (ou « Little Big Adventure 2 » aussi, mais le jeu de Squaresoft était plus spectaculaire). C'était en 1997.
Donc l'arrivée sur grand écran d'un film d'animation de la sorte avait quelque chose d'intrigant mais aussi d'inquiétant pour les dessinateurs et dessinatrices. C'était tout nouveau ne l'oublions pas, et comme avec chaque nouveauté, des craintes et espoirs apparaissent. Mais ceci est un débat dans lequel nous n'entrerons pas.
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Le film ne dure que 1h20, mais il faut savoir que la prouesse et le travail fournis étaient immenses. Les microprocesseurs se contentaient d'un seul cœur, et les cartes graphiques ignoraient qu'elles auraient plusieurs Go de RAM dans les années à venir. John Lasseter et son équipe s’attellent durant plusieurs années à concevoir le film. « Toy Story » était né.
De quoi s'agit-il ? Dans un foyer classique étasunien, Andy est un petit garçon qui ne cesse de jouer avec son jouet préféré, Woody, un Cow-boy. Ce qu'ignore le garçon, c'est que ses jouets prennent vie quand il s'absente. Nous allons donc voir ce qu'il peut bien se passer quand aucun humain n'est dans les parages.
Après une présentation des personnages, que vous connaissez de toute façon, il y est question du déménagement à venir. Cet événement fera avancer la fête d'anniversaire du petit Andy d'une semaine. Chaque anniversaire, chaque noël, la même crainte. La mise au rebut devant les futurs cadeaux que recevra le garçon.
Woody est pourtant serein, limite arrogant (il est le jouet préféré d'Andy depuis plusieurs années après tout). Et alors qu'une mission commando hilarante est lancée (pour être au courant des futurs nouveaux jouets), un cadeau surprise intriguera tout le monde, d'autant que le commando n'a pu décrire le jouet devant la folie des invités jouant avec le cadeau.
Nous découvrirons que Andy a reçu le patrouilleur spatial, Buzz L'Éclair (Buzz Lightyear en VO). Le risque de se faire détrôner par ce jouet, mais aussi le fait que Buzz ne soit pas au courant de sa qualité de jouet (il se prend pour un vrai patrouilleur de l'espace), attisera une jalousie auprès de Woody. Quitte à essayer de le faire disparaître derrière une commode. Si Woody échoue ici, par un (mal)heureux hasard il éjectera Buzz par la fenêtre, ce qui lui vaudra une haine auprès de ses anciens amis jouets.
Le jeune Cow-boy, ah, non, Shérif pardon, va devoir tout faire pour se racheter, quitte à vivre une aventure hors du commun (pour un jouet), comme d'aller à la station service « Diploco » ou chez Pizza Planet. Le hasard (décidément) l'accompagnera de Buzz dans ce périple, qui s'achève par un passage choquant chez le voisin Sid, qui aime bien maltraiter ses jouets, comme certains petits garçons, presque ados, turbulents aiment le faire. L'occasion de découvrir un éventail de jouet rafistolés et effrayants, des zombies presque. Le film se clôt sur une course poursuite avec le camion de déménagement qui, aujourd'hui encore, est efficace.
Au niveau du cast vocal on trouve du beau monde. Tom Hanks et Tim Allen pour les héros. La VF offre des doubleurs et doubleuses connues. Le tout est efficace aussi bien en VF qu'en VO. Il est vrai qu'en temps que Français, le « Vers l'infini et au-delà » possède plus d'impact que « To infinity and beyond », Richard Darbois offrant une intonation parfaite à la VF. Enfin bon, vous aurez compris que les deux versions sont excellentes, mais que pour le faire découvrir aux plus jeunes, on favorisera la VF.
En terme de technique, il est vrai que quand on regarde la qualité visuelle et dynamique d'un « Final Fantasy : Kingsglaive », qui est sorti 21 ans après « Toy Story », on peut ronchonner et dire que ce n'est pas hyper beau. Pourtant, le tout est cohérent, mieux, les effets d'ombres, de lumières et même les expressions des jouets sont excellentes. Même la fumée marche très bien. Ce n'est pas comme quand on reprend une scène de « Final Fantasy VII » pixelisées et où les personnages sont raides. Attention, j'aime les cinématiques de FFVII, juste que pour comparer, le jeu a vieilli tandis que le film que nous voyons aujourd'hui non.
La musique aussi est excellente. Les chansons de Randy Newman (assisté par Don Davis au niveau des compositions) sont parfaites. De la bonne pop qui adhère à l'univers du film, et dont certaines paroles renvoient directement a ce qu'il se passe à l'écran. Enfin, en terme de scénario, si, de premier abord, on le trouve simpliste, on y trouve plein de détails rendant le film aussi bon pour les jeunes que les moins jeunes. Cri de Willem, tapis du film « Shining » de Stanley Kubrick, et bien d'autres encore (oui, là je fait ça de mémoire). Mais on peut aussi y voir une fable sur l'arrogance, la jalousie (pour Woody), ainsi que le fait d'être enfermé dans un personnage sans ouvrir les yeux (comme Buzz). Il y a le fait de ne pas juger aux premiers abords (les jouets de Sid), ainsi que de nombreux autres sujets, toujours actuels, que je vous laisse découvrir (famille monoparentale notamment).
J'ai débuté par le premier film d'animation entièrement en images de synthèse, et le moins que l'on puisse dire c'est que Pixar réalise un tour de maître. Euh, je ne sais pas si on dit ainsi, peu importe. 80 minutes marrantes, à découvrir un microcosme surprenant. Il y a de l'humour, de l'action, de l'émotion. C'est en quelque sorte un buddy movie car les personnages principaux ont du mal à s'encadrer mais sont contraints de faire équipe. Le tout est animé à la perfection, même 23 ans après, oui, 23 ans, déjà. C'est un incontournable de l'animation (tout court) qui ouvrit la porte a une technique aujourd'hui peut-être trop employée. En tout cas un film que j'adore, bizarrement pas de mon enfance (alors que le film est sorti en France le mois de mes 14 ans), mais un film à posséder, surtout dans ce BluRay qui lui offre une image sublime, un son excellent et des bonus simples mais sympas.
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