Cultivons la curiosité
Ouch, grand écart en pleine semaine spéciale cinéma. Après le mignon "Ponyo sur la falaise" hier, voici le nettement plus sombre "Les rivières Pourpres". Adaptant le roman du même nom de Jean-Christophe Grangé, ceci est un film Français (le seul que nous verrons cette semaine). Il est réalisé par Mathieu Kassovitz et voit Vincent Cassel et Jean Reno prendre les rôles principaux. Nous sommes là en face d'un thriller, sur base de meurtre en série, se déroulant dans les Alpes. On reconnaîtra l'influence de David Fincher et son "Seven" sorti 5 ans plus tôt. Regardons donc la bande annonce d'un des rares films "sombre" m'ayant marqué au cinéma.
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Car oui, lors de sa sortie en 2000, je suis allé passer 1h40 en salle obscure pour voir ce film. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'entre la photographie de Thierry Arbogast et la réalisation de Mathieu Kassovitz, ce film est marquant. Mais d'abord l'histoire. Classique sans l'être. Le commissaire Pierre Niemans (Jean Reno) est une légende dans les écoles de police. Travaillant seul, il sera envoyé à Guernon, une université située dans les Alpes. Un corps a été retrouvé en haut d'une montagne par une alpiniste locale, sauvagement mutilé et positionné tel un fœtus. Le meurtrier a pris soin d'ôter les yeux de sa victime, après l'avoir torturé et coupé ses mains. Niemans va donc enquêter sur ce meurtre sauvage, qui est en fait le début d'un jeu de piste macabre.
Sarzac, à 200 kilomètres de Guernon, un jeune lieutenant, Max Kerkerian (Vincent Cassel) va devoir enquêter sur la profanation d'un tombeau mais aussi le cambriolage de l'école locale. Pourquoi profaner avec des croix gammées le tombeau de la petite Judith, décédée dans un horrible accident de la route en 1982, soit 18 ans auparavant ? Une partie de la réponse se trouve dans les archives de l'école cambriolée. Où registre et photos des années 1981 et 1982 ont disparu, de comme par hasard années de présence de Judith dans cette école primaire. L'enquête mènera le lieutenant à Guernon, où les 2 enquêtes se croiseront et où Niemans l'ancien solitaire, et Kerkerian le jeune un peu foufou, vont faire équipe pour résoudre cette énigme, d'autant plus que d'autres morts surviennent en même temps et que l'université semble renfermer un terrible secret.
Déjà, comment dire, l'ambiance du film est excellente. Sans jamais atteindre les classiques de Jonathan "Le seigneur des agneaux" Demme ou David "Seven" Fincher, mais on sent un côté un peu sale, sombre, gris, qu'un décor montagneux hivernal aide bien. Les scènes de crime restent spectaculaires, mais moins puissantes que chez les Étasuniens cités. Pourtant, le premier cadavre est, comment dire, saisissant de réalisme. Donnant le ton un peu horrible du film.
Ce qui me fait souvent sortir des films français, c'est le côté "joué" des actrices et acteurs. Ceci n'est pas gênant dans une comédie ou le surjeu est quasiment impératif, mais dès qu'il s'agit de mettre en scène des enquêtes policières sérieuses, c'est plus délicat. Pourtant, ici, c'est nickel. Actrices et acteurs sont dans le ton, l'élocution est fluide, pas surjouée, et les personnages deviennent rapidement attachants. Comme le jeune et fougueux lieutenant Kerkerian, qui n'hésitera pas à aller chercher le contact avec des skinhead dans une scène faisant volontairement écho à "Virtua Fighter 2". Ce dernier tourne sur la télé, et le combat reprend les code du jeu vidéo de combat de chez SEGA, empruntant le son de début de combat, mais aussi la mise en scène latérale.
C'est marrant, car j'avais totalement oublié cette scène. N'ayant pas eu de Saturn, je n'avais pas fait le lien avec le jeu de SEGA, je ne sais pas. En tout cas, la scène de combat, première scène d'action du film, est impressionnante, surfaite, mais c'est comme dire qu'un film de Jackie Chan est surfait, donc complétement con à dire. Il y aura d'autres scènes d'action, mais au final elles sont rares. La course poursuite de nuit est intense, stressante.
Tout ceci grâce à une réalisation audacieuse du Français. Je ne me remets pas de ce plan de dessus de la cage d'escalier lors de la poursuite du meurtrier. Le film se paye le luxe d'avoir un twist en fin de film que l'on ne peut pas voir venir. Il peut paraître risible, mais est logique. Surtout que le scénario de Mathieu Kassovitz est rondement mené, bien découpé, un excellent boulot sur ce point. De plus, nous avons le droit a de très belles scènes en montagne.
Il n'y a pas grand chose à redire sur ce film. Un excellent thriller bien mené, superbement bien réalisé, alternant scène angoissante, d'enquête et un brin d'action. Que dire aussi des actrices et acteurs, impeccables du début à la fin. On y voit même un peu d'humour avec le duo de policier de Sarzac. Le film est captivant du début à la fin. Il possède des scènes un peu horrifiques mais ne virant pas dans le gore à tout va, c'est juste parfaitement bien dosé. C'est ça, le film est parfaitement bien dosé, on ne se sent que rarement face à un film français, et ceci est une sacrée performance. En fait, je n'ai pas grand chose à dire sur ce film, qui procure de bonnes sensations, est efficace, et mérite d'être possédé en DVD. Au pire du pire, il est à voir une fois. Car il est vrai que quand on connaît la fin (je me souvenais encore du twist final 19 ans après), l'enquête est un tout petit moins passionnante. Oui, ce n'était que la deuxième fois que je le voyais, la première fois depuis sa vision au cinéma, j'ignore pourquoi. Un excellent film que j'ai aimé et vous conseille chaudement.
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