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Cultivons la curiosité

À couteaux tirés

À couteaux tirés

Entre deux sorties du mastodonte Disney, il subsiste des petits films prenant le risque de survivre dans ce raz-de-marée annoncé par "La Reine des neiges 2" et "Star Wars épisode IX : L'ascension de Skywalker". Il est d'ailleurs marrant de constater que "Star Wars épisode VIII : Les derniers Jedi" est le dernier film fait par Rian Johnson avant ce "Knives Out". Comme un pied de nez, ou une envie de se mesurer frontalement à la puissante firme. Le réalisateur/scénariste, qui a notamment fait ses gammes sur quelques épisodes de la sublime série "Breaking Bad" (l'épisode "La Mouche" de la saison 3 est réalisé par ses soins), Rian Johnson donc, nous livre ici un film aux antipodes du divertissement AAA.

Connaissez-vous Agatha Christie ou Sir Arthur Conan Doyle ? Oui. Très bien. Du coup Sherlock Holmes ou Hercule Poirot vous sont familiers. Au pire "Columbo" vous dit aussi peut-être quelque chose. À moins que vous ne soyez plus "Détective Conan" ou Professeur Layton. Ne nous égarons pas s'il vous plait. Le film en quasi huis-clos mettant en scène un détective de talent chargé de résoudre une mort bien mystérieuse était monnaie courante dans les années 80-90. Avant l'arrivée de la série "Les Experts" et son côté froid.

Passons ce point là aussi. Car Rian Johnson nous propose avec "À couteaux tirés" un film se reposant sur sa narration, et ses personnages aussi. Regardez donc la bande annonce avant

Vidéo de FilmsActu

Harlan Thrombey (Christopher Plummer) est un romancier policier à succès. Il a construit sa fortune grâce à sa plume, et possède une famille aimante. Alors qu'il vient de célébrer son 85è anniversaire, sa gouvernante le retrouve mort, la gorge tranchée. Dès lors la police conclut à un suicide. Cependant, alors que l'enterrement va avoir lieu, un nouvel élément intervient. Le détective Benoit Blanc (Daniel Craig) entre dans l'équation afin d'offrir son assistance à la police.

On se retrouve à découvrir Marta (Ana de Armas), l'infirmière de Harlan, qui se remet difficilement de la disparition de son patient. En effet, elle était plus une confidente qu'une infirmière. Et alors qu'elle retourne dans l'immense manoir des Thrombey, nous allons découvrir chaque membre de cette famille quelque peu désordonnée.

Je vous laisse le soin de découvrir les différentes personnalités. La seule révélation que je viens de faire est l'identité du personnage interprété par Daniel Craig. Au début, les personnages se retrouvent interrogés séparément. Permettant de cerner les personnalités. L'inspecteur Elliott (Lakeith Stanfield) et l'agent Wagner (Noah Segan) se chargent d'interroger les membres de la famille, tandis que le détective Blanc demeure au second plan, jouant une note de piano quand l'interrogatoire dérive. Il est présenté tardivement, ce qui rend son arrivée savoureuse. "Mais qui est ce personnage ?" diront plusieurs membres de la famille dans un montage rendant la scène drôle.

Rian Johnson offre une réalisation de haute volée, dynamisant une enquête molle pourtant. Il change de plan, joue avec les flashback, et nous dévoile une panoplie de personnages aux caractères bien trempés. Le cast joue un rôle vital dans la réussite du film. Au même titre que le scénario finement écrit et la réalisation impeccable. Quel plaisir de voir autant de belles actrices et de beaux acteurs. Jamie Lee Curtis, Chris Evans, Toni Collette, Don Johnson, Michael Shannon, Katherine Langford et Jaeden Martell complètent le cast que j'ai cité plus haut.

Le pompon est décroché avec l'hilarante présence de Franck Oz en notaire complétement décontenancé par ce qu'il va annoncer aux Thrombey. Ce que je vous laisse découvrir bien entendu. Le film arrive à décrire une famille éclatée, prête à s'étriper pour obtenir SA part de gâteau. Tout le monde semble avoir un mobile sérieux, et la philosophie de Benoit Blanc est impressionnante. Le principe de la retombée de l'arc en ciel. Vous comprendrez en voyant le film.

D'ailleurs, celui-ci est assez long finalement, 2h10, mais n'ennuie jamais. Des révélations y sont faites, ce qui relance sans cesse l'intérêt de la spectatrice ou du spectateur. D'ailleurs, on y trouve une course poursuite absolument folle... ou non. Les pièces du puzzle s'assemblent lentement, mais surement, et le film est surtout porté par Marta Cabrera et Benoit Blanc, qui sont en fait des pièces rapportées, assistants comme nous, à l'éclatement de la famille.

Un petit exemple, Richard (Don Johnson) est marié à Linda (Jamie Lee Curtis). On assiste à l'interrogatoire séparé du couple. Si Linda refuse de cracher sur son frère Walter (Michael Shannon), son mari n'hésitera pas à balancer des choses compromettantes. Le montage fait indéniablement rire, et c'est là que le film est réussi. Je repense sans cesse à Richard ou bien même Hugh "Ransom" (Chris Evans), qui n'arrivent jamais à dire d'où vient précisément la famille de Marta. Linda parle de l'Équateur au tout début du film, Richard dira Paraguay, puis Uruguay plus tardivement, et enfin Hugh la déclare Brésilienne en toute fin de film. C'est un petit détail, mais j'avoue que sur moi, cet humour là fonctionne, prouvant à quel point les membres de la famille Thrombey connaissent parfaitement Marta... ceci se passe de commentaire.

Seul petit défaut, bien qu'ayant un passage important dans le film, le jeune ado Jacob (Jaeden Martell) raciste et d'extrême droite, est sous exploité. Par contre j'ai trouvé le doublage et la localisation réussis. C'est important de le signaler je pense. Surtout quand le rythme s'intensifie à la fin du film, avant la révélation finale.

Sinon que dire de plus, la musique de Nathan Johnson n'est pas ultra marquante, elle sait se faire oublier, donc n'est pas mauvaise. Les décors de David Crank sont sublimes. Ce siège rappelant le fameux trône de fer de "Game of Thrones", ce manoir issu d'un autre temps, qui fait que j'ai cru que le film se déroulait dans les années 20 et en Grande-Bretagne, avant de constater que non. De plus les décors sont mis en valeur par les différents plans et mouvements de caméra, ce qui rend un bel hommage aux anciens films policiers.

Ce qui marque le plus dans ce film est cette volonté d'offrir une narration classique, en innovant quelque peu. Il y a une volonté d'impliquer la spectatrice et le spectateur, tout en surprenant tout le monde. Mais c'est surtout l'humour qui fera mouche. Voir qu'une famille riche est capable de s'étriper a quelque chose de rassurant pour les gens normaux que nous sommes. Rassurant et délectable bien entendu. Marta est la fille d'immigrée pour laquelle on se prend immédiatement d'empathie. Elle possède des traits de personnalité atypiques, notamment quand elle ment. Enfin bon, vous aurez compris, j'espère, que j'ai adoré ce film.

J'ignore encore si j'irai voir un ultime film en 2019 au cinéma. Le futur Star Wars étant prévu pour janvier 2020, quand il y aura moins de monde dans les salles, sur Ashou. En tout cas, "À couteaux tirés" fait partie de mes films préférés de cette année au cinéma. Avec "Yesterday", "Je veux manger ton pancréas" et "Parasite". Il s'agit pourtant de l'antifilm par excellence. Déjà, ce n'est pas de l'iMax hyper large. Nope. Ensuite, il n'y a pas d'action, ou si peu. Pire, il blablate beaucoup. Mais les touches d'humour, faisant penser à l'humour Britannique, les décors, la réalisation et le scénario, font que l'on accroche et ne voyons pas le temps passer. Un film qui techniquement n'impressionne pas, donc que l'on verra volontiers sur son écran télé, mais qui pourtant vous donne la banane. Par contre, comme la plupart des films à intrigues ou enquêtes, une seconde vision ne s'impose pas dans l'immédiat. Peut-être en VOSTFr quand il sortira en DVD ou BluRay. Allez le voir, surtout si vous adorez Agatha Christie ou Sherlock Holmes. J'ai adoré.

@+

P.S. :Puis cette fin sublime, avec un personnage au dessus des autres, lourd de sens, le coup de la tasse aussi, enfin bon, j'en frissonne encore en y repensant.

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