Noël chez les Muppets

Voilà le moment idéal pour parler d'une adaptation d'un conte ultra connu, revisité par les Muppet . "Un chant de Noël", ou "Conte de Noël", disons "A Christmas Carol" pour son titre original, est un conte écrit par Charles Dickens. L'écrivain Britannique né au XIXè siècle créera en 1843 une œuvre encore bien présente de nos jours. Une œuvre qui décrit le mieux l'esprit de Noël. Une œuvre qui est énormément adaptée, et toujours d'actualité de nos jours. Le créateur de "Oliver Twist" et "David Copperfield" composera son conte comme une mélodie. En 5 actes, il en ressort une morale bénéfique à tous et toutes. En effet, à travers un procédé étonnant, Charles Dickens va montrer à son personnage principal, le terrifiant Scrooge, son passé, son présent, et surtout son futur, ceci afin de faire jaillir sa bonté enfuie au fond de lui-même.

Mais là n'est pas le but de cette chronique. En effet, nous allons donc voir le quatrième film au cinéma des Muppets, "Noël chez les Muppets". Ceci nous fait constater qu'en 1992, le conte de Charles Dickens n'est pas très vendeur en France. En effet, "The Muppet : A Christmas Carol", son titre original, n'aurait pas trop parlé aux Françaises et Français. La faute à une éducation qui est trop orientée vers les auteurs francophones. Passons. Car ce film est important dans l'évolution des Muppets. C'est la première œuvre à sortir après la disparition de Jim Henson. Il est réalisé par Brian Henson, un de ses fils.

Si le film sort un peu avant le Noël 1992 aux U.S.A., il mettra une année à arriver en Europe, pour Noël 1993. On retrouve avec plaisir Frank Oz en Miss Piggy notamment, et Michael Caine se chargera d'incarner le vil Scrooge. Le film dure environ 1h25. Ici, je l'ai vu dans sa version française. Alors, pour tout vous dire, je l'ai obtenu dans un coffret 6 BluRay regroupant certains films des Muppets. Les disques sont multizones, et on trouve 5 films sous titrés en français, "Muppets Most Wanted" étant le seul à ne pas avoir droit à notre belle langue. J'avoue être assez curieux d'entendre la version "French Canadian" du film "The Muppets" de 2011. Passons. Sachez que si vous cherchez certains films mettant en scène Kermit et ses ami.e.s, ce coffret peu faire l'affaire. Petite bande annonce.

En vérité, de ce que je connais du conte de Charles Dickens, il se trouve que le scénario de Jerry Juhl lui sera très fidèle. Déjà, en plaçant l'action au XIXè siècle. Ensuite, en faisant interpréter Charles Dickens lui-même par Gonzo the great, qui sera accompagné par le glouton Rizzo le rat. Le duo contera ainsi l'histoire, servant de fil rouge, et divertissant par moment les spectateurs et spectatrices, afin de désamorcer certaines situations effrayantes.

De plus, le film débutera par un enchaînement de chansons qui surprend, voire énerve. J'ignore si c'est le côté Disney ou non, mais les chants sont assez drôles, et les paroles en français fonctionnent bien. Bon, par la suite il y en aura moins, de chansons, donc ça passe. On découvre donc Scrooge, chargé de récupérer les loyers, oui, bon, en fait je n'ai pas trop saisi son boulot, mais en gros il est pingre, n'aime pas les gens, et déteste Noël.

La veillée de la fête sainte verra les spectres de ses anciens associés, les frères Marley (encore plus détestables que lui), lui rendre une visite lui indiquant que Scrooge aura la visite de 3 esprits dans la nuit. Et en effet, ce sera le cas. On verra ainsi la composition du conte respectée. Introduction + spectre de Marley, Esprit du passé, Esprit du présent, Esprit du futur, et enfin conclusion. Il est intéressant de constater que si Scrooge est aussi près de ses sous, aussi froid, et qu'il déteste Noël, et bien il y a quelques raisons compréhensibles pour cela. Orphelin, il a toujours passé Noël seul. Se plongeant dans les études afin de s'occuper.

De plus, alors qu'il est employé chez le (trop) gentil Fozziwig (habile conversion du Fezziwig du conte), il n'arrive pas à gagner autant qu'il le souhaite afin d'offrir un foyer à sa bien-aimée. Ce qui lui vaut d'être largué une veille de Noël par celle-ci. Voilà pour les maux du passé. Si l'Esprit du passé était un joli spectre rappelant un peu "Dark Crystal", celui du présent fait penser à Hagrid de la saga "Hary Potter". Capable de grandir et rapetisser à volonté, il est impressionnant, mais bienveillant. Il montrera à Scrooge la vie simple de son employé Bob Cratchit (Kermit). Mais aussi que ce dernier est plus reconnaissant envers son patron tyrannique que le neveu de celui-ci. Mieux, il découvrira Tiny Tim, qui, malgré sa condition fluette et malade, propage le bien autour de lui. La famille Cratchit est soudée, et célèbre Noël comme il se doit.

Ceci montre à Scrooge à quel point son employé est bon. Ceci lui fait aussi ressentir une certaine empathie envers lui, par la nature malade de son fils Tim. C'est alors qu'arrive l'Esprit du futur. Sombre, effrayant, proche de l'image que l'on se fait de la grande faucheuse, cet Esprit est muet. Mais a des choses à dire, ou du moins à montrer, à Scrooge. Le moins que l'on puisse dire est que l'avenir est sombre, très très sombre même. Deux disparitions majeures sont à noter, une moquée, une au contraire triste. Ceci finit d'ouvrir les yeux à notre protagoniste principal, qui change du tout au tout. Pour un final plein d'espoir, montrant ce qu'est la magie de Noël.

En terme de scénario, c'est très simple, très naïf, mais il ne faut pas oublier que c'est une adaptation assez fidèle d'un conte ayant plus de 170 années. D'ailleurs, la narration calée sur l'histoire de Charles Dickens fonctionne, encore plus avec le côté marrant des Muppets. Ceci dédramatise, tout en faisant passer un joli message. Certaines personnes sont aigries, méchantes même, et il faut essayer de comprendre pourquoi, et leur montrer ce que les gens pensent d'elles. Ainsi Scrooge met le doigt sur ses maux, sur le pourquoi il déteste Noël, et va découvrir grâce aux Esprits, comment pourrait finir son histoire. Il va dès lors faire un choix, un peu extrême, mais très beau.

À l'instar d'un "Labyrinthe", ça bouge, ça grouille même, les intégrations des Muppets dans un univers réaliste, avec des vrai.e.s actrices et acteurs est parfaite. Nous avons droit à des chansons bien trouvées et rigolotes. Ce qui étonne le plus est clairement l'équilibre entre actrices et acteurs et marionnettes. Ce qui fait que Gonzo et Rizzo sont très présents. Piggy est carrément effacée, même si elle garde son caractère bien trempé. L'époque Victorienne, propre à Charles Dickens, est bien retranscrite. L'humour est parfaitement distillé le long des 85 minutes, et l'on ne s'y ennuie jamais. Mieux, c'est, je pense, un film parfait pour découvrir le conte de Dickens. D'ailleurs, Gonzo invite les spectatrices et spectateurs à lire le livre à la fin du film.

Nous avons vu récemment, avec "Le Muppet Show" que les marionnettes savaient tout faire. Ici aussi, ça fonctionne. Mieux, en s'offrant une pointure telle que Michael Caine dans un rôle aussi complexe que celui de Scrooge, on arrive à ressentir de l'empathie pour cet odieux personnage. De plus, on sent un certain hommage rendu par le réalisateur à son papa disparu. Ce qui rend ce film nettement plus triste et fort en émotion que "Les Muppets - Le Film". Personnellement je regrette juste la quasi absence de Rowlf, ma Muppet préférée. Sinon, tout le reste est excellent. Un très bon film, surtout dans cette période, à voir si vous aimez les Muppets. Cette version BluRay est très bonne, lisible sur tous les lecteurs, et je vous conseille ce coffret malgré l'absence de français (en voix ou sous titres) pour  le film "Muppets Most Wanted", mais nous en reparlerons tôt ou tard sur Ashou. Je vous souhaite un joyeux Noël, même si vous êtes seul.e, il existe des moyens de bien se marrer et d'oublier ses soucis dans cette période de fêtes de fin d'année, et "Noël chez les Muppets" en fait partie.

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