Undercover : Une histoire vraie

Il subsiste souvent une incompréhension entre le titre original d'un film et sa localisation. Ainsi, le "The Hangover" original devient "Very Bad Trip" en France. Passer de la gueule de bois (l'alcool) au "bad trip" (la drogue) peut laisser perplexe quant aux capacités des personnes chargées de vendre le film dans l'Hexagone. Nous voyons aujourd'hui un nouveau cas, cependant moins grave, de mauvaise orientation du titre.

Avant toute chose, le film est sorti en septembre 2018 aux U.S.A. sous le nom de "White Boy Rick", traduit par "Rick le petit blanc" dans la VF. Dans notre pays, ce sera "Undercover : Une historie vraie", et le film sort début janvier 2019. Il est par ailleurs réalisé par un Français, Yann Demange. Et voit donc Logan Miler, Noah Miller et Andy Weiss signer le scénario adapter l'histoire vraie de Richard Wershe Jr. Petite vidéo et on revient.

Petite précision, j'ai pu voir ce film en VOD, ou vidéo à la demande, via RakutenTV, grâce à un code "film gratuit" offert par Rakuten (ex-Priceminister). Du coup, dans ces cas là, j'aime bien choisir un film un peu atypique, que je ne compte pas spécialement voir en DVD/BR et que je n'ai pas daigné voir au cinéma. Il dure environ 1h50 et je l'ai vu en VF.

Si vous avez vu la bande annonce, vous savez donc que l'histoire se déroule au début des années 80. Dans une Detroit en proie à divers trafics. Richard Werche Jr (Rick) subsiste tant bien que mal. Son père, Richard Wershe Sr, nourrit sa famille grâce à une licence de revendeur d'arme. On commence le film par Rick (Richie Merritt), alors âgé de 14 ans, qui achète des armes avec son père, et prouve la connaissance qu'il a de ces objets.

Lorsque Rick rentre chez lui avec son père (Matthew McConaughey), il découvre que Dawn (Bel Powley), sa sœur, a invité son mec. Ce dernier est peu recommandable, et la pousse dans la drogue, ce qui déplaît fortement à Richard Sr. La matriarche est partie voilà bien longtemps, et la famille continue donc de se déchirer quand Dawn décide de quitter le foyer familial. Au grand regret du paternel.

Dans ce quartier pauvre de la ville de Detroit, Rick vit en face de ses grand-parents (joués par Bruce Dern et Piper Laurie), et a comme meilleur ami "Boo" (RJ Cyler). Ce dernier fait partie d'une fratrie qui contrôle une partie du trafic de drogue de la ville. Les frères Curry, "Little Man" (Jonathan Majors) et "Big Man" (YG), intègrent assez facilement Rick, après que celui-ci leur ait vendu des armes via le business de son père. C'est une vie sentant bon l'argent facile, à laquelle Rick va vite prendre goût.

C'est ce qui le poussera à demander à son père de faire plus d'argent, ceci afin de sortir Dawn de la drogue, mais aussi la famille Wershe de cette pauvreté invivable. Seulement, entretemps, le FBI va s'intéresser à ce petit blanc capable d'intégrer facilement le milieu de la drogue de Detroit. Les agents Alex Snyder (Jennifer Jason Leigh) et Frank Byrd (Rory Cochrane) vont se servir de leur relation antérieure avec Richard Sr afin d'embrigader Rick. Le duo lui soutirera des informations, mais aussi, à l'aide de l'inspecteur Jackson (Brian Tyree Henry), des preuves afin de faire tomber les acteurs du trafic de drogue de la ville.

Voilà donc en quoi le titre français échoue assez lamentablement. Nous faisant croire de façon manichéenne que Rick est un bon garçon engagé par le FBI comme indic'. Hors ceci n'est qu'une partie de ce que fait le jeune ado. Surtout que dans la partie finale, et ceci est révélé malheureusement dans la bande annonce, il deviendra un baron de la drogue, ce qui lui vaudra d'aller en prison. À moins qu'il n'aide le FBI à coincer les têtes du trafic qui gangrène Detroit.

Je m'arrête là, car j'en ai un peu trop dit. Le film est, déjà, brillamment joué. Et si la bande annonce, sur fond d'ambiance des années 80 avec une musique électro joviale et des effets vidéos de cette époque, laisse penser que le film sera rigolo, il n'en est rien. Nous sommes bien en face d'un polar, mais côté brigand. Un peu comme "Scarface" mais en moins poussé ou surréaliste. Ici, il n'y aura pas d'action, juste une plongée dans le monde de la drogue de cette ville étasunienne. Le coup du match de boxe à Las Vegas, je ne m'en remets pas. Cette humiliation subie par les frères Curry est incroyable. Et qui est le seul blanc parmi ce groupe ? Rick.

En fait, Rick n'est certes pas propre sur lui, mais il possède tout de même de la bonté. Quand il fait tout pour réconcilier sa sœur et son père, en sortant celle-ci d'un squat de drogués. Ou qu'il déborde d'amour pour sa nouvelle-née. On passe des scènes où le jeune homme fait preuve d'un sang-froid hors norme, aux instants brefs de bonheur. Ceci nous permet de ressentir de l'empathie pour ce personnage, que l'on imagine mal ne pas être majeur. Son parcours, son aplomb, sa facilité à s'intégrer dans un monde aussi hostile que celui de la drogue, tout ceci impressionne.

Le film est propre, l'histoire captivante. Pourtant, de là à vous le recommander à l'achat. Non. Comme pour "3 Billboards, les panneaux de la vengeance" ou "Bienvenue à Marwenn", vus aussi gratuitement via RakutenTV, "Undercover : Une histoire vraie" est un film que l'on ne verra qu'une fois. Une vision très plaisante, qui vous fera passer un bon moment, et même ressentir de la crainte pour ce jeune ado perdu dans une ville hostile, qui appauvrit les plus faibles. Pourtant, la volonté de s'en sortir, la capacité de jongler avec ses différentes "fonctions", tout cela rend le film passionnant à suivre. Malheureusement, on le voit, on est marqué quelques temps par ce film, puis on l'oublie. Et dans quelques années, quand on me dira "White Boy Rick" est un bon film ou pas ? Je répondrai en fronçant les sourcils, "attends, ça me dit quelque chose, je crois que j'avais passé un bon moment devant, mais je ne me rappelle plus trop pourquoi". Pas spécialement vite oublié, mais pas très marquant. Malgré un enrobage parfait. Un film à voir au moins une fois. Même en VF. J'ai aimé.

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