Cultivons la curiosité
J’ai peur que ce premier article de 2020 soit un peu triste. Enfin, ça dépend comment on le prend. En effet, les humains ont diverses façons de célébrer le passage à la nouvelle année. Il y en a qui doivent être entouré.e.s et faire la fête, d’autres qui ne peuvent pas, et moult autres choses. Personnellement, ça dépend. En l’occurrence, cette année, j’étais en train de faire ce que je fais de mieux lorsque les douze coups de minuit retentirent, à savoir dormir.
Mais avant cela, la télévision m’avait proposé un film qui désormais part sur ses 54 ans. Un Western qui plus est. À savoir « Les Professionnels ». Alors bon, je n’étais pas trop fan de ce genre de film, mais la version moderne des « 7 Mercenaires » (réalisé par Antoine Fuqua en 2016) m’a fait changer d’avis. Ainsi j’avais découvert la version originale des « Sept Mercenaires » signé John Sturges de 1960 (adaptation des « Sept Samouraïs » de KUROSAWA Akira qui date de 1954), et surtout l’incroyable « Il était une fois dans l’ouest », bluffant, surtout dans sa superbe version BluRay.
Voir un film ayant plus d’un demi-siècle à la télévision (en VF qui plus est), un soir de la Saint-Sylvestre peut paraître bizarre, voire triste, mais grâce à une très belle version HD et une diffusion sur Arte (donc sans publicité), c’était une belle occasion de découvrir ce Western qui ne vient pas en tête quand on parle de ce genre.
Ainsi me voilà parti pour 1h55 dans ce film réalisé par Richard Brooks. Il en signe aussi le scénario en se basant sur le roman de Frank O’Rourke « A Mule for the Marquesa » paru en 1964, soit deux ans avant le film que nous voyons aujourd’hui.
Alors, avant d’en évoquer le synopsis, sachez que Arte a diffusé une version retravaillée, en HD, de toute beauté. On croirait le film sorti dans la précédente décennie. Même travail en terme de son. Ceci permet de faire ressortir la photographie de Conrad Hall et les musiques de…. Maurice Jarre, oui, le papa de Jean-Michel (pas MacLeod mais bien Jarre).
Nous sommes en 1917 (je parle du film là), Grant (Ralph Bellamy) voit son épouse d’origine Mexicaine enlevée par l’odieux révolutionnaire Jesus Raza (Jack Palance). Il engage donc Henry Fardan (Lee Marvin), un ancien soldat de Roosevelt et Pancho Villa, afin de monter une équipe pour sauver son épouse.
Il faut dire qu’il y a 100 000 $ à la clé. Et si deux hommes sont déjà prêts à en découdre, Hans (Robert Ryan) et Jake (Woody Strode), Henry (dit aussi « Rico ») veut un quatrième homme. Capable de manier la dynamite comme personne. Seulement, Bill (Burt Lancaster) est en prison, et il est instable, fan d’alcool, de jeu et de femme. Si Grant hésite un court instant, vu que Rico lui fait confiance, tout roule.
Voilà donc nos quatre hommes partis au Mexique pour récupérer le bien d’un riche Texan. En des terres qui sont hostiles, aussi bien au niveau du climat (chaud le jour, glacial la nuit), que des hommes qui y résident, notre équipe va se frayer un chemin. En toute connaissance de cause, vu que Rico et Bill connaissent le terrain ainsi que Raza. Ils ont en effet servi à ses côtés lors de la révolution Mexicaine.
Nous suivons leurs périples à travers le désert du nord du Mexique. Nous les voyons préparer leur retraite à travers un canyon piégé. Nous assistons à l’élaboration du plan, tout en « effaçant » quelques Mexicains hostiles. Seulement, Bill émet des doutes quant à la sincérité de Grant. En effet, Rico et lui connaissent Raza, il n’aurait pas enlevé une femme dans un but malhonnête. Peut-être a-t-il l’intention de se servir de l’argent de la rançon pour améliorer la vie de son Hacienda, ou alors cherche-t-il à continuer le combat contre les Étasuniens ? Une scène vient à nous interroger là dessus. Celle de l’attaque du train. Certes la bande de Raza élimine froidement des Étasuniens, mais comme Rico l’expliquera à un de ses deux autres compères, les morts du jour n’étaient pas si bons que cela. Ils étaient responsables de choses atroces contre les Mexican.e.s.
Je m’arrête là pour ne pas trop en révéler. Sachez déjà que le film a obtenu trois Oscars en 1967. Meilleur réalisateur pour Richard Brooks, meilleur scénario adapté, toujours pour Richard Brooks, et la meilleure photographie en couleur pour Conrad Hall. Le cast est très bon, bien que je ne connaissais que Burt Lancaster (monsieur Dynamite ici) et Claudia Cardinale qui joue Maria, la femme de Grant.
J’ai retrouvé un côté « Agence tous risques », avec des plans assez dingues, mais efficaces. L’attaque de l’Hacienda de Raza est d’une intensité un peu folle. Avec les explosions, la fumée, les chevaux qui s’échappent. Dommage que les faces à face ne soient pas trop tendus. Quand l’équipe est attaquée à l’aller, on ne ressent pas de stress. De plus, quand Bill, parti en éclaireur, doit être libéré, c’est pareil, il manque un effet dramatique pour ressentir la tension. Lors du retour, il y a un homme qui affrontera l’équipe de Raza, et là, par contre, il y a de la tension.
Hormis ce petit défaut, le film est captivant. Nous sommes loin du cowboy solitaire qui accomplit diverses tâches. Loin des clichés du Western aussi. Pas de face à face avec les jambes écartées, pas de villes étasuniennes avec un saloon, pas de chien errant. Enfin bon, on plonge dans cette mission, confiée à d’anciens brisquards, qui cherchent l’argent facile.
La fin est étonnante, bien pensée, et offre une bonne morale. Bref, je ne me suis pas ennuyé devant ce film, qui s’avère prenant, très bien réalisé, et qui est à découvrir si vous aimez les Western. Claudia Cardinale y est magnifique, dans un des rare rôle féminin du film. En effet, il n’y a que 2 actrices principales, et donc 2 personnages féminins bien présents (Chiquita jouée par Marie Gomez n’est pas assez présente à mon goût). Mais ils sont d’une très grande force. On pardonnera aussi l’accent de la VF, qui est certainement aussi marqué en VO (je spécule).
Bref, le film est passionnant, fait penser à « L’Agence tous risques » par moment, et possède un scénario sympa, avec surtout des personnages très recherchés. Il est un tout petit peu long, la faute à certaines scènes d’action qui, en 2019 (ou 2020) paraissent un peu « molles » (à relativiser cependant). J’ai bien aimé.
Sur ce, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter mes meilleurs vœux pour 2020. Comme d'habitude, je vous souhaite qu'au 31 Décembre 2020 vous vous disiez qu'il vous est arrivé.e plus de bonnes choses, que de mauvaises.
@+
Un riche Texan engage quatre aventuriers pour libérer son épouse, enlevée par un révolutionnaire mexicain... Signé Richard Brooks, un western féministe mené tambour battant, avec Claudia Car...
https://www.arte.tv/fr/videos/087381-000-A/les-professionnels/