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Cultivons la curiosité

Le cas Richard Jewel

Le cas Richard Jewel

Clint Eastwood est certes un homme rude, trop patriote et aussi misogyne, mais reconnaissons lui une reconversion magistrale comme réalisateur. Je me souviens du personnage ronchon, raciste, qu'il incarne dans le superbe "Gran Torino". On y perçoit une partie de sa personnalité. Ultra connu pour ses rôles de cowboy, que ce soit dans les Western, ou, de façon plus moderne, avec l'inspecteur Harry ("Dirty Harry" en VO), Clint Eastwood s'intéresse depuis quelques années aux héros quotidiens de son pays, les États-Unis d'Amérique.

Si ceux-ci sont en plus des gens que la société veut voir choir, cela aiguise encore plus sa curiosité. On citera "Sully" ou "Mystic River" par exemple. D'ailleurs, les deux films cités sont assez présents dans ce "Richard Jewell" (en VO, car en français ça donne "Le cas Richard Jewell"). Dès que j'ai vu la bande annonce, sur YouTube pour le coup, j'ai su que je verrai ce film. Sous sa carapace de ronchon, de pépé vénère caractériel, se cache une sensibilité qui ressort dans sa façon de filmer ces héros ordinaires. Du coup, le cas de cet agent de sécurité, qui alertera les autorités de la présence d'un colis suspect au Centenial Park d'Atlanta (lors des Jeux Olympiques de 1996), ne pouvait que devenir passionnant sous la caméra du Californien.

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J'ai effectivement vu ce film en VOSTFr, d'où la bande annonce dans cette langue. Alors que le film est disponible depuis le 19 février 2020 dans les salles françaises, le cinéma de ma ville ne l'a diffusé que deux semaines après, mais avec beaucoup de séances en VOSTFr, et ça, c'est cool.

Durand les 2h09 du film, nous allons découvrir qui est Richard Jewell (Paul Walter Hauser). Un féru d'arme en surpoids, qui n'a qu'un rêve, devenir policier. Tout débute en 1986, où nous le voyons débuter comme simple garçon chargé des fournitures dans un cabinet d'avocat. Il sympathisera avec un brillant avocat, Watson Bryant (Sam Rockwell), notamment lors d'une partie sur un jeu d'arcade assez marrante. Dès cette scène introductive, on ressent une certaine crainte envers Richard. Il semble, comment dire, trop pointu. Il observe tout, et va jusqu'à anticiper les désirs des gens. Le coup du ruban adhésif ou des Snickers notamment.

Nous voilà en train de faire un bon de 10 ans. Richard a évolué, il est agent de sécurité sur un campus universitaire. C'est alors qu'il a cumulé de nombreuses plaintes contre lui, que le... j'ai perdu le nom, le doyen de l'université, le vire. Il faut dire que ses méthodes sont un peu extrêmes pour dompter des jeunes adultes débiles encore présents dans l'adolescence. On y apprend qu'il avait fait partie du bureau du Shériff, avant de se faire virer. Résultat, le voilà sans emploi, certainement contraint d'accepter le poste d'agent de sécurité d'un parc.

Le Centenial Park pour être précis. Et ce, pendant les jeux olympiques d'été d'Atlanta 1996. Il y surveille la foule qui vient assister aux concerts organisés en marge de la compétition. Ah, j'oubliais, Richard est vieux garçon, et vit chez sa maman, Barbara "Bobbi" Jewell, interprétée par la sublime Kathy Bates. Donc, après avoir posé les personnages, arrive le soir du drame. Richard, qui essaye de faire déguerpir une bande de jeune saoule, va remarquer un sac à dos. Sac que les jeunes ont renversé d'ailleurs. Après avoir demandé l'aide des policiers en faction afin de faire partir ces jeunes, Richard attire l'attention sur ce qui pourrait être un colis suspect.

Le protocole se met en place, mais bon, les alertes à la bombe inutiles, la plupart des gens en ont l'habitude. Jusqu'à ce que le démineur devienne blanc. Richard, qui a tout lu, tout vu, sur les procédures policières, sait que ce n'est pas du tout bon signe. Dès lors, tout le monde va s'évertuer à établir un périmètre de sécurité. Notre héros ira jusqu'à faire évacuer les techniciens, en courant, malgré sa "courante". Et alors que l'on ne s'y attend pas du tout, c'est l'explosion. J'ai fait un bond, je ne vous raconte pas. La vache. On y découvre ensuite les dégâts. Sachant qu'il y avait aussi un agent du FBI, Shaw (Jon Hamm), et que la police a reçu un appel anonyme indiquant qu'il y avait une bombe à Centenial Park.

Dès lors, et après une nuit mouvementée, Richard est érigé au rang de héros. Il passe à la télé, reçoit de nombreuses félicitations, il a même une proposition pour écrire un livre. En rentrant chez lui, après avoir embrassé sa maman, il va appeler son ancien ami, Watson, afin de l'aider à gérer son futur contrat d'édition. Ce dernier a quitté la grosse boîte d'avocat, et les affaires sont loin d'être fructueuses, comme on le constate à la vue de la tête que fait Nadya, son assistante.

En parallèle, le FBI commence à avoir des doutes sur Richard Jewell, surtout depuis que le doyen de l'université le soupçonne d'être le poseur de bombe, car il a toujours voulu attirer l'attention. Il se trouve que cette piste va s'ébruiter dans la presse, par le talent très... euh, comment dire, putassier, de Kathy Scruggs (Olivia Wilde). Ici, le personnage dépeint est à gerber, capable de se servir de son cul pour obtenir des infos. C'est elle qui va rendre la vie de Richard Jewell un enfer.

Dès lors, on passe du simple contrat d'édition, à la défense d'un terroriste. Du moins, Bryant, l'avocat, passe d'un truc simple, à quelque chose de complexe. Heureusement, il est opiniâtre et connaît bien les méthodes gerbantes des agents fédéraux. Le passage où le FBI "convoque" Richard est surréaliste. L'agent de sécurité se rend compte que quelque chose cloche quand on veut lui faire signer un document officiel en disant que "c'est pour faire comme si c'était vrai". Dès lors, la presse et le FBI vont clairement pourrir la vie de cette personne, et son environnement.

Il faut dire que Richard a quelques tares qui auraient mieux fait de rester cachées. Un arsenal impressionnant notamment. Cela en devient presque comique. Pire, il veut tellement prouver sa bonne foi, qu'il ne cesse de parler au FBI, alors que Watson, son avocat, lui avait déconseillé de le faire. Richard possède, dans sa volonté d'être le meilleur policier possible, des œuvres étonnantes, pouvant le faire passer pour un terroriste. On assiste donc à cette plongée de ce personnage un peu bizarre, mais pourtant sans histoire. Le plus impressionnant est que la presse et le FBI cherchent à le détruire, et seuls ses proches soutiendront celui qui était un héros quelques jours avant.

Que dire, que dire, mais que dire sur ce film. Bluffant. Du début à la fin, on plonge dans l'univers de Richard Jewell. On adhère difficilement à ce héros atypique, qui s'exprime de façon bizarre. Qui ne s'énerve que trop rarement, et qui expliquera d'ailleurs à Watson qu'il refuse d'agir contre sa nature. Il sait que le FBI se joue de lui, il sait que sa vie n'est pas parfaite, mais il sait surtout qu'il est inconcevable qu'il soit le poseur de bombe. Il est content de sa soudaine notoriété, mais jamais il ne l'a désirée. Et en ça, on aime de plus en plus cette personne, jusqu'à la partie finale, qui offre une sorte de bouquet final émotionnel ahurissant.

Un bouquet final émotionnel qui débute avec la conférence de presse de Barbara Jewell. Ici, Kathy Bates nous touche, difficile de retenir ses larmes devant son discours, devant son craquage, putain, quelle actrice! Et le final, avec Richard qui affronte le FBI, et qui sort un monologue réjouissant. Monologue qui entame la fin du film de brillante manière. Le seul défaut, reste cette fin, qui va vite, très vite. Surtout que l'on fait un bond de 6 ans encore. Enfin bon, passons, car le reste est une franche réussite.

Oui, "Le cas Richard Jewell" est une réussite. Seul gros défaut, le crachat à la gueule que lance Clint Eastwood et son scénariste Billy Ray envers la presse et le FBI. Pour le FBI, ça passe, mais Kathy Scruggs passe pour une grosse salope. Pardon du terme, mais c'est ainsi qu'elle est décrite. D'ailleurs, la position de la femme est effrayante dans ce film. La journaliste salope, la mère qui cocoone son fils unique, l'assistante qui maintient à flot un avocat qui se laisse couler, oki, ce sont des profils de femmes fortes, mais bonjour l'image de la femme là. C'est le seul gros défaut en vérité. Le reste est juste parfait.

Quand arrive la fin, je me suis pensé "déjà ????". C'est dire la qualité du film. Un film qui dure 2h09 tout de même, et qui se paye le luxe d'avoir un rythme lent. Pire, il est délicat, au début, de s'attacher à ce monsieur bedonnant qui semble un peu trop aimer l'autorité. Pourtant, on s'y attache. À travers son entourage, surtout grâce à sa maman et son avocat. Ce dernier, par sa personnalité détachée et opiniâtre, offre une dose d'humour que l'on prend volontiers. Ce film est excellent, propre, plaisant. J'ai adoré le voir, et j'adorerai le revoir, plus tard. Je vous le conseille chaudement.

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