Head above water – Avril Lavigne

Il faudra patienter six longues années (soit la période la plus longue entre deux albums) après « Avril Lavigne » pour voir « Head above water » débarquer. Le sixième album de la Canadienne arrive début 2019, avec 12 pistes pour environ 41 minutes d’écoute.

Il faut dire que entre-temps, elle aura dû lutter contre la maladie de Lyme, fondant même une association pour aider les victimes de ce mal complexe à identifier. Principalement transmise par les tiques, la maladie de Lyme est vicieuse. Elle provoque une fatigue extrême, souvent interprétée comme du « cinéma » par les docteur.e.s. Certain.e.s docteur.e.s du moins. De plus, comme les tests sont très onéreux, les malades ne peuvent pas savoir si ils et/ou elles en sont atteint.e.s. Il existe d’autres symptômes, mais nous ne sommes pas là pour en parler.

Pourtant, dès le premier titre, « Head above water », il nous faut en reparler. Avril, qui écrit toutes les paroles de cet album (et en produit quelques-unes), nous y explique sa lutte contre la maladie, au début calme, puis qui cherche à la couler. Cette lutte, cette force nécessaire, pour tenir la tête hors de l’eau. Une métaphore qui sied parfaitement aux divers combats que doivent accomplir les victimes de maladies graves.

Je vous assure que cela faisait longtemps que je n’avais pas cherché à comprendre les paroles d’une chanson. Et là, à travers sa voix claire, j’avoue que les paroles de « Head above water » sont « venues » toutes seules à moi. C’est un peu stupide à dire, mais quand tu sens l’émotion dans la voix, parfaitement servie par une composition posée, et que tu saisis le sens des paroles, ça fait bizarre et ça touche encore plus.

De plus, le clip, ou du moins un des clips si je me souviens bien, expose les paroles, d’une façon parfaite. Le livret de l’album nous permet de suivre ces paroles, et est illustré par des photos rappelant ledit clip. Un livret qui, lui aussi, transmet une certaine émotion de lutte, de souffrance sur la fin, qui ne laisse pas indifférent.

Comme l’album ne se résume pas au titre qui lui donne son nom, avançons, en espérant que vous aurez compris que « Head above water » doit être écoutée plus qu’entendue, en prenant en compte les paroles, impressionnantes. Du coup, « Birdie » est un peu sur le même tempo. Cette fois-ci nous quittons les fonds marins pour le ciel. Afin de mieux s’évader, penser à autre chose. J’avoue qu’ici, les paroles ne me sont pas « venues », pourtant, on y perçoit cette volonté de s’évader, de lutter, malgré la souffrance (le feu est évoqué).

Une fois de plus, une chanson qui joue énormément sur l’émotion, et qui fonctionne. La piste suivante évoque peut-être ses relations amoureuses délicates ? Je l’ignore, en tout cas « I fell in love with the Devil » est un titre plaisant, qui reste sur le ton calme des premières chansons. Si la voix reste riche en émotion et puissante, on ne retrouve pas, pour l’instant la Avril Lavigne joviale de certaines chansons de sa jeunesse.

Surtout que « Tell me it’s over » est une balade, certainement une histoire d’amour ayant mal tournée. Il est étonnant de constater que cette chanson me fait penser à de vieux titres, genre des années 60-70. J’ignore pourquoi, mais c’est ainsi que je le perçois.

Heureusement, elle arrive en grande forme sur « Dumb Blonde ». Forte, limite agressive, elle démonte les clichés sur les blondes. Ce qui, j’avoue, est ironique. Car depuis qu’elle est blonde, j’estime que sa hargne a un peu baissé. On y retrouve presque une introduction à la « Hello Kitty » de l’album précédent. Mais très vite on trouve un son pop/rock sympathique, et qui me remémore le ton de « The Best damn thing », son troisième album.

Il y a du « I love rock’n’roll » et « Bad reputation » dans ce titre. Ces chansons rock chantées par des femmes dans les années 80. « Dumb Blonde » peut paraître simple, mais c’est une chanson qui apporte une sorte d’humour et de rage qui font plaisir à voir et entendre. Surtout que « It was in me » revient sur une balade. On retrouve donc cette émotion dans le chant, accompagné (le chant) par une composition calme, mais efficace. Dans la tonalité de l’album en vérité.

« Souvenir » évoque certainement un amour de vacances. La chanson fonctionne très bien je trouve, malgré son côté « posée ». Je trouve que même si nous ne sommes pas face à un album rock ou pop/rock, ce style convient parfaitement à la Canadienne. Bon, « Crush » m’évoque encore ce son venu des années 60-70, sans que je sache pourquoi. Il y a du « Tell me it’s over » ici, c’est flagrant. Au point de croire que les deux chansons sont liées. Sauf que cette fois-ci ce n’est pas une séparation mais plutôt un amour naissant, un « crush ».

Du moins, de ce que j’ai compris des paroles. Elle ne veut pas craquer pour une autre personne, c’est ce qu’elle essaie de se persuader, en vain à priori. Une jolie chanson, pas exceptionnelle pour autant. Et « Goddess » est un peu sur cette lancée. Elle semble avoir enfin trouvé l’amour (une fois de plus de ce que j’en comprends). La chanson est encore plus calme que le reste de l’album, et comme pour « Crush », même si c’est la suite logique de celle-ci, ce n’est impérissable. « Goddess » s’écoute sur l’album, mais me paraît difficile à entendre à part.

« Bigger Wow » est, comment dire. On reste sur de la pop, on reste sur une histoire d’amour, dans laquelle il n’est pas question de « redescendre » (toujours plus de sensations, un plus gros wow). À écouter, la chanson est plaisante. Malheureusement, comme pour certaines chansons précédentes, on lit les paroles une fois avant de se rendre compte que c’est sympa, mais sans plus. Quand je repense à la puissance de « Wish you were here », dont les paroles sont riches en émotion, tout en étant mises en musique de façon plaisante. Ici, dans l’album « Head above water », on retrouve de l’émotion, mais on sent qu’elle peut faire beaucoup mieux et ça frustre en vérité.

Mais il nous reste deux chansons, dont « Love Insane ». Une fois de plus, la tonalité de l’album est respectée. On se retrouve en vérité sur le même rythme que « Goodbye Lullaby », qui est, j’avoue, un album que j’ai appris à aimer entre-temps. Mais ici, pour « Love insane », ça s’écoute bien sur l’album, mais il manque un truc, un accompagnement musical plus rythmé, ou plus riche en émotion. Émotion qui reste présente dans le chant, mais pas dans la musique. Je ne sais pas comment l’expliquer.

Si, je sais, en écoutant « Warrior ». Où l’on retrouve l’idée de « Head above water », mais en plus optimiste. J’ignore si c’est la combinaison piano, chœur et violons, mais l’émotion que l’on a avec la voix, est accentuée par la composition. La chanson est ultra efficace. Et contrairement aux paroles asphyxiantes de « Head above water », ici c’est un rayon de Soleil qui nous est proposé. Une volonté de se battre, quoiqu’il advienne. Une détermination parfaitement retranscrite dans cette chanson qui, pour moi, est la meilleure de l’album.

Une bien belle façon de clore cet album, au final un peu trop posé pour marquer. Néanmoins il possède deux titres (le premier et le dernier) qui sont excellents et fonctionnent parfaitement. La seule chanson joviale, qui bouge, « Dumb Blonde », est sympathique mais me remémore trop la période « rose bonbon » qui m’a presque fait lâcher la chanteuse. « Head above water » marche sur les traces de « Goodbye Lullaby », ce qui n’est plus une insulte sous ma plume. Si le quatrième album d’Avril Lavigne m’a longtemps déçu, j’avoue qu’aujourd’hui j’arrive à l’apprécier.

Ce sixième album doit avant tout s’écouter. La rage de la jeune rebelle du début des années 2000 a laissé place à la rage du combat de la vie que doit mener une jeune femme. Que ce soit à travers une lutte contre la maladie ou ses amours. L’album est beau, bien mené, l’émotion vocale est tout le temps présente (j’adore sa voix), malheureusement les compositions ont parfois du mal à suivre ce sentiment je trouve. « Head above water » reste un grand album, rien que pour les titres qui l’introduisent et le terminent. Si vous aimez la Canadienne (et plus spécifiquement « Goodbye Lullaby »), allez-y, les autres ne garderont en tête que les chansons « Head above water » et « Warrior » qui sont excellentes. Au final, j’ai bien aimé, et je vous conseille d’en écouter quelques titres.

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