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Cultivons la curiosité

FIFA : Ballon rond et corruption

FIFA : Ballon rond et corruption

La coupe du monde de football qui s'est tenue du 20 novembre au 18 décembre 2022 a fait couler beaucoup d'encre. Entre les nombreux drames qui ont émaillé les travaux, que ce soient ceux pour les stades, ou juste les infrastructures. Le fait que le Qatar ne soit pas un pays de football (malgré sa victoire lors du championnat d'Asie des Nations en 2019). Que ce petit état péninsulaire ait des lois homophobes, transphobes, et misogynes. Sans parler de l'aspect financier, qui veut que le Qatar achète tout ce qu'il désire via ses "pétrodollars".

Qui se souvient de cette façon assez honteuse employée par ce petit état lors du mondial masculin de handball en 2015 ? Naturalisant de nombreux grands joueurs extra-Qataris, ce qui permit à cette équipe d'atteindre la finale, perdue contre la France. Et ceci pour une courte durée. Genre quelques années, le temps de préparer le mondial. Je ne parlerai même pas de la Formule Un, au calendrier à partir de cette année, en sachant que ce grand prix fût intégré en 2021 (mais pas en 2022).

Vous le comprenez, ce petit pays devint l'attention de beaucoup de personnes, et ce depuis 2010 et l’attribution surprenante de l'organisation d'une des épreuves les plus importante au monde, le mondial masculin de football. Netflix en profita en quelque sorte, en sortant le 9 novembre 2022 (moins de 2 semaines avant le premier match de ce mondial), un reportage relatant les problèmes qu'a connu la FIFA, organisation à but non lucratif en charge du football mondial, surtout sous la gouvernance de Sepp Blatter, entre 1998 et 2015. Mais regardons une petite vidéo.

Vidéo de Netflix France

J'ai vu ce documentaire en version française. Mais on notera la présence de sous titres lors de certaines prises de paroles, surtout celles d'époque. Ici nous entrons dans une mini série de 4 épisodes qui durent entre 50 et 57 minutes. Et les intervenants et intervenantes sont pour la plupart là. Même Sepp Blatter. On retrouve des journalistes, comme Amanda Davies qui officiait à CNN. Hassan Al-Thawadi, le secrétaire général du commité d'organisation de la coupe du monde au Qatar. Enfin bon, beaucoup de monde.

Tout d'abord, on nous présente la FIFA, sa création, son siège social Suisse, ainsi que son premier président réellement emblématique, qui fit entrer le football dans la modernité, João Havelange. Élu en 1974, il restera durant 24 années le grand patron du football mondial, et va permettre à la coupe du monde de ce sport, de prendre une tournure importante. Générant profit et pouvoir, ce qui va marquer le début de la corruption. Enfin, début, on ne sait pas trop pour avant, mais ici, l'organisation va prendre le chemin d'une organisation limite mafieuse.

Au point que Havelange va laisser sa place (à contrecœur) à son bras droit, le secrétaire général Sepp Blatter. C'est sous sa présidence que de nombreux scandales vont éclater. La série nous explique tout chronologiquement, sans omettre de nous titiller dès le début du premier épisode par les soucis finaux de Blatter. Et pourtant, tout semble aller pour le mieux. Mais on sent que la double attribution des coupes du monde 2018 et 2022, en 2010, marquera en quelque sorte le début de la fin. C'est même Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA de 2007 à 2015 qui le dit. Tout a commencé à dérailler à partir de 2010-2011.

La façon dont le documentaire est monté, on dirait que ce sont les Étasuniens qui ont commencé à enquêter sur la façon de fonctionner de la FIFA suite à la défaite face au Qatar. Ce qui ne semble pas totalement faux, mais c'est aussi et surtout parce que des langues ont commencé à se délier, et que certaines personnes importantes dans les administrations du football mondial ont commencé à se faire coincer.

Notamment Chuck Blazer, le président de la fédération étasunienne de soccer (décédé depuis 2017), qui permettra, suite à un gros coup de pression du FBI, de démanteler le réseau de corruption qui gangrenait la FIFA. Surtout la zone CONCACAF, dont le très controversé Jack Warner était le président. Tout ceci nous l'apprenons au fur et à mesure.

Si le documentaire débute tranquillement, entre l'évolution de la compétition à travers les années, l'arrivée des médias, de la publicité, des nouveaux pays riches aussi, on arrive vers les affaires assez tôt, vers le deuxième épisode je dirai. Tout est construit pour que l'on enchaîne les épisodes, et rien n'est en trop ou ennuyeux. Pour peu que l'on aime un tout petit peu le football, on se retrouve captivé.e par l'envers du décor. Mais aussi dégouté.e par les enveloppes cadeaux, ou carrément la disparition de 10 millions de dollars offerts par le comité sud-africain d'organisation de la coupe du monde 2010, au profit de Jack Warner.

Après, il y a une chose qui m'a surpris, c'est le fait que Sepp Blatter ne semble pas aussi coupable qu'on ne le pensait. J'ignore si c'est parce qu'il a participé comme interviewé, ou si c'est parce que les accusations subies ont été déclarées fausses par la justice (il en est de même pour Michel Platini). Mais on constate que l'ancien président de la FIFA nous voulait pas du Qatar pour 2022. On verra les tentatives de déstabilisation par des personnes désireuses de prendre sa place, en vain.

Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris ce qu'était ce versement de 2 millions entre Blatter et Platini. Les deux hommes furent blanchis par la justice, donc ça devait être légal. Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que c'est à partir de cette révélation que les 2 hommes ont dû renoncer à tout, et que pas mal de choses ont commencer à sortir (c'était en 2015).

Pour finir, la série charge violemment le Qatar. Avec des chiffres officiels concernant les morts sur les chantiers, qui sont dérisoires par rapport à la réalité des cercueils qui retournent au Népal mais aussi dans d'autres pays d'où viennent les malheureux ouvriers. David Gordon, le réalisateur du documentaire, semble prendre partie contre le Qatar, mais aussi il semble charger la FIFA et son nouveau président (depuis 2015) Gianni Infantino.

En tout cas, il est difficile de savoir le vrai du faux. Car on sent que certaines choses ne sont pas encore sorties. De toute façon, dès qu'il y a de l'argent en jeu, même dans une association à but non lucratif, les requins viennent se servir. Que dire de cette ironie que l'on voit à un moment, où la FIFA parle, à travers la voix d'une femme (désolé, je n'ai pas retenu son nom), qu'il faut que le football soit porteur de valeur. Qu'il ne faut pas exclure les femmes, les LGBTQ+. Ou alors c'était un discours contre la compétition au Qatar ? J'ai peut-être mal vu.

Un documentaire qui se voit vite, très bien réalisé, mais dont l'objectivité semble un peu biaisée. Même si il n'est pas déclaré comme étant une colombe, je trouve que Sepp Blatter s'en sort très bien ici, et que le Qatar prend cher, très cher. À juste titre, car même si il semble que la compétition fût un succès (je n'ai pas regardé), avouons que le prix payé fût lourd. Des milliers d'ouvriers ont péri pour permettre à la péninsule de briller pendant même pas un mois. Et Sepp Blatter comme Gianni Infantino ont eu la possibilité d'empêcher ceci, sans vraiment agir. Un documentaire que je vous conseille, très intéressant, et qui dégoûte aussi bien de la politique (il y a Nicolas Sarkozy à un moment) que de ce qu'il se passe dans les coulisses de la FIFA. J'ai beaucoup aimé.

@+

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