Gamestop : Les Geeks défient Wall Street

Lors de l'hiver 2021, une chose inédite se produisit. Le capitalisme trembla à la suite d'une action massive de personnes normales, généralement incapables d'intervenir sur les cordons de la bourse. GameStop est une chaîne de magasin de jeux vidéo connues aux États-Unis d'Amérique. On la compare fréquemment à MicroMania chez nous, d'une part car la société française appartient à l'étasunienne, et d'autre part car il y eu une période creuse où la chaîne manquant de peu de disparaître. Très creuse. En effet, depuis la génération XBox 360/PlayStation 3, les éditeurs et constructeurs ont compris une chose. Il y a moyen de s'enrichir encore plus en délaissant le support physique.

Ainsi, l'argent qui allait aux distributeurs et revendeurs, irait directement dans les poches des constructeurs (qui donnent accès au jeu via XBox Live ou Sony Entertainment Network), et les éditeurs des jeux. Seulement, ce qui va dans la poche des uns, ne va plus dans celles des autres. Les magasins physiques étaient voués à disparaître. Surtout après l'annonce de MicroSoft et sa XBox One, qui aurait dû tuer le marché de l'occasion. Poule aux œufs d'or des magasins de jeux vidéo.

La suite, on la connaît, rétropédalage de MicroSoft car Sony (de façon hypocrite quand on voit ce que fait le boîte japonaise maintenant) ne suivit pas le mouvement. La dématérialisation des jeux, bien que actées sur ordinateur, commença doucement à devenir une habitude avec la génération XBox One/PlayStation 4. Pour devenir un geste classique avec la génération suivante (XBox Series/PlayStation 5).

Le problème vient que du coup, les joueuses et joueurs consoles commencent à avoir les réflexes des PCistes (joueurs et joueuses sur ordinateur). Et les plateformes de vente en ligne de jeux sur ordinateur ont eu la peau du jeu en boîte. Résultat, on n'en trouve quasiment plus, ou alors ce sont des codes de téléchargement. Cette façon de consommer le jeu vidéo est désormais acquise pour les consolistes. Les magasins de jeux vidéo sont contraints de s'adapter ou de mourir.

Le système financier capitaliste est une plaie à comprendre. La crise de 2008 n'aura pas suffit à modifier cela, ce qui fait que nous sommes reparti.e.s comme avant. Les "petites" gens en ont payé le prix fort. Chômage, pauvreté, saisie des maisons. Mais les costards cravates de Wall Street, après avoir quelque peu souillés leurs sous vêtements, ont recommencé de plus belle. Cherchant à rattraper les profits perdus pendant cette crise. Quitte à regarder de haut les personnes normales, qui n'avaient rien demandé, mourir sous leurs fenêtres.

Quand ces deux mondes se croisent, ça nous donne une des histoire les plus invraisemblable des années post-Covid. Et c'est exactement ce que va essayer de nous expliquer, en 3 épisodes qui varient de 30 à 45 minutes, ce documentaire produit par Netflix, disponible depuis septembre 2022. Petite bande annonce, en sachant que je l'ai vu en version originale sous titrée en français.

Tout débute en fait en 2008. La crise des subprimes mettra beaucoup de monde à la rue, essentiellement des personnes normales. On y constatera que les "positions courtes" (short je ne sais plus quoi) seront une catastrophe, surtout quand on minimise le risque par appât du gain. "The Big Short : Le casse du siècle" est un excellent film qui vulgarise du mieux que possible ce que fût cette crise financière et sociale de 2008. Et le documentaire nous explique rapidement cela, un peu comme si, 13 ans après, aucune leçon n'en sera tirée.

On nous présente des personnes, professionnelles de la finance, qui tentent de vulgariser cette dernière et des gens normaux, qui parfois ont vu un membre de leur famille subir la crise de 2008. Le panel d'intervenant.e.s est impressionnant, et passe du gestionnaire d'un fond spéculatif, à l'animateur ultra connu pour son émission de télévision sur la finance, en passant par des personnes anonymes.

Le documentaire est bien structuré. Le premier épisode pose un peu tout. Les cendres de la crise de 2008, la situation de Gamestop et du jeu vidéo physique, les nouveaux outils à disposition, comme l'application RobinHood, qui permet à quiconque de boursicoter facilement, sans connaissance particulière, et sans forcément investir beaucoup. Reddit, avec WallStreetBets, Roary Kitty (YouTubeur qui vulgarise la finance), enfin bon, tout est posé à la fin du premier épisode, pour nous expliquer comment le titre a pu atteindre des niveaux stratosphériques, mais ceci est pour le deuxième épisode.

Un deuxième épisode qui nous montre comment différents canaux, différentes personnes, ont permis à l'action Gamestop de monter aussi rapidement après une stagnation. Ce que j'ai oublié de préciser, c'est que les fonds spéculatifs avaient déjà achevé Blockbuster (magasin de location de films en support physique). Les positions courtes permettant de s'enrichir facilement si on sait que l'action va chuter, que l'entreprise va faire faillite. C'est un procédé dégueulasse, ne cherchez pas.

Cette façon de faire explique que Melvin Capital, un fond spéculatif, s’intéressera à Gamestop, futur Blockbuster. Tout ceci afin de s'enrichir. Mais donc, le troisième épisode parlera du côté moins glorieux de l'affaire. Avec des révélations sur ce qui a entraîné la chute libre de l'action après avoir atteint un niveau qui menaça la destruction du système capitaliste. Le dernier épisode s'avère captivant dans son explication, et ce qui en ressort, c'est toujours la même chose, si ce ne sont pas des personnes en costards cravates qui deviennent milliardaires grâce à la faillite d'une entreprise en pariant sur le procédé des positions courtes, ce sont d'autres personnes en costards cravates qui deviennent milliardaires. Une boucle quoi.

Après, je me souviens avoir vu pas mal de choses passer sur Twitter à ce moment là. Des gens qui indiquaient vouloir sauver une partie de leur enfance. Qui avaient comme une sorte d'attache à cette chaîne de magasins. Il y avait un côté anti capitaliste aussi, mais je ne me souviens pas du lien avec la crise de 2008. En même temps, j'ai vu ça de loin, et des termes comme "short bidule", "fonds spéculatifs", "RobinHood", je les avais vus, sans vraiment trop me renseigner dessus.

Ce que l'on peut dire, et désolé si ça révèle une grosse partie de l'histoire, c'est qu'un homme ayant fait fortune dans les aliments pour animaux, enfin, un site/une appli pour acheter des aliments pour animaux, a eu la volonté de sauver Gamestop, en prenant quelques actions. Ce qu'il s'est passé, c'est que des influenceurs ont pris ça pour un bon signe, et ont décidé d'orienter subtilement les petit.e.s actionnaires vers cette action. Robinhood s'enrichissant au nombre de transaction effectuée, et non pas à la quantité d'argent échangée, il y ont vu là le moyen de s'enrichir. Quand on sait à quoi est lié Robinhood, il y a de quoi être écœuré. Mais je vous laisse la surprise.

Reste qu'après cette crise qui a pris des proportions dingues car internet s'est emballé un peu trop rapidement, l'action a trouvé un niveau intéressant (loin des 6$ initiaux qui voyaient la firme faire faillite), et Gamestop a pu rembourser ses dettes suite à l'injection de fonds. En fait, à vouloir faire la bonne affaire, combiné à une partie des gens qui voulaient à tout prix prendre une revanche sur le système financier qui les a affecté en 2008, tout ceci a créé une bulle qui est montée anormalement haut. Frôlant la destruction du système capitaliste.

Bon, ceci est faux, mais les costards cravates ont une nouvelle fois tâchés leurs sous vêtements. Même si tout ceci n'était qu'un camouflet. Le documentaire est intéressant, quoique prenant facilement partie pour des personnes certes simples, mais qui ont quand-même essayé de s'enrichir (ou y sont arrivées) avec un système qu'elles étaient les premières à condamner suite à la crise de 2008. Ce qu'il en ressort c'est presque 2 heures sympathiques, qui expliquent bien (parfois même de façon trop simplistes, je me suis senti pris pour un imbécile par moment) ce que fut l'affaire Gamestop. Je vous le conseille, j'ai bien aimé.

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