Cultivons la curiosité
Aujourd'hui devenu un média incontournable, au point qu'il a même envahi les poches (à travers les téléphones portables), le jeu vidéo a pourtant connu une naissance et une enfance délicate. Entre crises, guerres et polémiques, reconnaissons que c'est un loisir qui a eu beaucoup de mal à s'imposer dans l'opinion publique. Certes, il continue à faire peur à une partie de personnes ne le connaissant pas, mais ça me semble moins virulent.
Netflix propose à travers un documentaire de 6 épisodes (qui varient de 37 à 47 minutes) de parler un peu de cette partie délicate, du début des jeux vidéo. On va couvrir la période 1973-1993, soit une vingtaine d'année qui virent ce divertissement évoluer. Ceci permet de se replonger dans cette période que vous avez connu si vous avez grandi ou vécu dans ces années. Sinon, vous allez opérer un retour en arrière, sorte de cours d'Histoire du jeu vidéo, agrémenté par des personnalités importantes. La série est surtout concentrée sur les États-Unis d'Amérique et le Japon, mais on y voit aussi, à la fin, des Britanniques. Petit trailer en version originale en sachant que je l'ai vu en version originale sous titrée en français.
Vidéo de Netflix
Ainsi, les 6 épisodes couvrent chacun une période importante du jeu vidéo. De façon chronologique. On débute dans les années 70-80, avec la montée en puissance de l'arcade. Le point intéressant restera cette entretien avec Howard Scott Warshaw, le créateur du jeu "E.T." qui marqua le début de la crise du jeu vidéo en 1983. On nous explique donc la montée en puissance de cette nouvelle façon de se divertir. "Space Invaders" avec NISHIKADO Tomohiro, IWATANI Tôru pour "Pac-Man", Nolan Bushnell qui co-fonda Atari.
On verra même les enfants de Jerry Lawson, nom peu connu du public, mais qui est pourtant l'inventeur de la cartouche de jeu. Karen et Anderson Lawson s'exprimerons donc sur cette invention qui marqua les premières génération de consoles de jeu. Nous aurons même droit aux prémices de l'e-Sport, avec le premier champion Étasunien de "Space Invaders". Une championne devrait-on dire vu que c'est Rebecca Heineman qui gagna ce premier concours.
Les anecdotes sont très intéressantes, et le reportage mélange image de jeux, interventions des acteurs et actrices de l'époque (ou de leurs enfants). Interventions qui sont parfois mises en image avec un effet pixel art plutôt joli et agréable à voir. Et ce sera ainsi le long des 6 épisodes. On changera systématiquement d'intervenants et intervenantes, ce qui permet de diversifier un peu.
La suprématie de Nintendo avec sa NES sera l'objet principal du deuxième épisode. Avec notamment l'histoire entre Universal et Nintendo concernant le procès pour plagiat sur le jeu "Donkey Kong". On y découvrira John Kirby, auquel Nintendo rendra hommage avec le personnage du même nom plus tard. C'est l'avocat qui permit à Nintendo de gagner son procès contre Universal et ainsi de continuer à exister. Sans lui, nous n'aurions probablement pas de Switch aujourd'hui.
L'épisode 3 se concentre sur un genre. Le jeu de rôle. Avec les origines sur table de celui-ci. Les romans aussi, puis l'évolution que fit connaître un jeune couple, transformant des aventures textuelles en véritable aventures épiques avec des images. Roberta et Ken Williams sont très importants pour ce genre de jeu. L'occasion d'aller voir AMANO Yoshikata et de parler des Final Fantasy. On constate que ce ne sont pas forcément les créateurs et créatrices directes qui sont évoqué.e.s.
L'illustrateur emblématique de la saga Final Fantasy va même montrer des croquis et donc parler de son expérience à ce sujet. Sa passion de l'art, et sa volonté de marquer celui-ci à travers un média alternatif. Dans cet épisode, le créateur de la saga Ultima, Richard Garriott, sera aussi présent. Après, l'épisode suivant se concentre sur la façon dont SEGA va faire la guerre à Nintendo en sortant une console surpuissante. La Genesis. Bon, dans les sous titres c'est bien indiqué MegaDrive, ne vous inquiétez pas. Campagne agressive, stratégie offensive aux U.S.A., on suit ainsi les acteurs qui ont permis à SEGA de faire jeu égal avec Nintendo dans cette période. L'occasion aussi de voir le champion du monde SEGA 1994, Chris Tang, ainsi que la création de Electronic Arts, et la représentativité des athlètes noirs dans le jeu vidéo.
Le pénultième épisode se concentre sur la violence. Les jeux de combats. Avec les deux grosses licences des années 90, Street Fighter (enfin, surtout "Street Fighter II") et "Mortal Kombat". Il y aura aussi la controverse "Night Trap", qui permit de vendre énormément de jeu alors que des politiques voulaient l'interdire. L'e-Sport y est évoqué, car il intègre aujourd'hui les jeux de combat. Non, je m'exprime mal. Il dérive des jeux de combat. Bref, on s'en moque, on constate que le but de NISHITANI Akira et YASUDA Akira était de faire un jeu marquant. L'un ayant l'idée de faire s'affronter les joueurs et joueuses entre eux et elles. L'autre se chargeant de poser l'ambiance si j'ai bien compris.
Reste le dernier épisode, qui parlera aussi de la violence, mais surtout de l'évolution majeure que connurent les jeux vidéo, le passage à la 3D. Avec deux studios et deux visions différentes. L'ultra sanglant "Doom". John Romero relatant la création de id Software et comment ce jeu révolutionna le jeu vidéo, au point de remettre le PC au centre du jeu. Mais aussi avec Dylan Cuthbert et Giles Goddard, qui firent "StarFox"/"StarWing". Le premier piratant une GameBoy pour tenter l'impossible, sortir un jeu 3D sur la console portable de Nintendo. On y découvre quelques anecdotes sur la façon de travailler de MIYAMOTO Shigeru, particulièrement sympathiques.
Pour boucler la boucle, un retour en arrière sera effectué avec Nolan Bushnell, qui expliquera comment lui vint l'idée de se lancer dans la commercialisation de borne d'arcade Pong en 1972. Lui permettant de créer Atari et de vivre cet âge d'or du jeu vidéo.
Que dire, certes, le tour est vite fait, on ne rentre pas trop dans les détails, mais certains points sont particulièrement captivants. Malgré ça, j'avoue m'être par moment assoupi, non pas car ce n'était pas intéressant, mais parce que le ton est assez monocorde en vérité. Pourtant, on y découvre rapidement et de façon divertissante le passé du jeu vidéo. Le plus passionnant reste ces entrevues, ces interventions des personnes ayant participé à cette Histoire. On apprend parfois des choses, parfois non, mais si vous aimez vous divertir avec les jeux vidéo, ça peut vous intéresser. Ce n'est pas parfait, mais j'ai bien aimé et vous le conseille.
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