Cultivons la curiosité
Tandis que le printemps arrive dans nos belles contrée, il est temps de penser à l'été, avec le spectre des kilos en trop qui ne vont pas avec ce superbe maillot de bain. Qui n'a jamais rêvé de maigrir sans rien faire ? N'est-ce pas ? Bon, son surpoids importe peu Billy Halleck, avocat vivant dans le Connecticut, et pourtant, malgré ses succès qui lui ouvre une grande carrière, un tragique évènement va lui pourrir la vie.
Désormais, tout le monde sait que Richard Bachman et Stephen King sont la même personne. Mais en 1984, date de sortie de "La peau sur les os" aux États-Unis d'Amérique, ce n'est pas encore le cas. Il est assez drôle de constater que c'est déjà dans un trajet en train pour Paris que j'avais lu un de ses livres. "Marche ou crève". Qui était plus court à lire, car ici, ce sont bien 440 pages environ qui nous attendent.
C'est en effet lors de mon voyage pour aller voir La Nuit Nanarland 5 que j'ai débuté cette lecture. Seulement, je n'ai pas énormément avancé et le retour fut plus propice à récupérer de cette nuit blanche. Le problème est que j'ai tendance à m'éparpiller. Résultat, j'ai mis presque 6 mois à terminer ce livre. Qui est pourtant passionnant et bien écrit.
Mais de quoi il en retourne ? Vous connaissez déjà Billy Halleck, qui est un homme comblé car il a une femme et une fille aimantes. Seulement, tandis que la première est toute excitée par la récente victoire qui assure des jours confortables à la famille, elle décide de lui astiquer la nouille alors que ce dernier conduit. Et comme pour le téléphone au volant, ou l'alcool, se branler ou conduire, il faut choisir. Ça n'y manque pas, et c'est l'accident. Une dame âgée surgissant comme par magie d'entre deux véhicules stationnés.
Billy ne va pas la manquer et lui offrira une mort certainement spectaculaire. Lors de son procès, notre personnage omet bien de parler du plaisir que sa femme lui offrait avant l'accident, et il s'en sort grâce à son cabinet d'avocats. Seulement, la dame décédée était une Gitane. Pas la cigarette. Et son père, pourtant grandement âgé, ne manquera pas de jeter un sort sur Billy, "tu maigriras jusqu'à en mourir" ou un truc du genre.
Billy est en surpoids, dépassant allégrement les 100 kilos, et si ce "sort" l'amuse au début, il va très vite avoir un doute quand il ne cessera de perdre du poids au fil des jours. Et ce alors qu'il s'empiffre plus que raison afin de cesser cette descente. Il va assez tôt prendre conscience que le sort fonctionne sur lui, et que les plus grands docteurs ne peuvent rien pour lui. Ils n'arrivent pas à expliquer ceci et sont tout excité à l'idée de trouver une nouvelle maladie.
Billy va faire part de ses doutes à sa femme qui va croire qu'il sombre dans la folie. Dès lors Billy décide de partir sur les traces du convoi de nomades qui parcourt l'est des USA. Heureusement, il pourra compter sur de nombreux contacts, dont un chef mafieux de New York qu'il avait défendu lors d'un procès. Ceci le mènera dans un périple fatiguant, tout en continuant à perdre dangereusement du poids, jusqu'à ressembler à un squelette ambulant.
Et je viens de débuter les trois derniers paragraphes par "Billy". C'est moche, mais c'est ainsi. Ici, Bachman/King nous relate une histoire affreuse, teintée de surnaturel, mais pas irréaliste pour autant. Certains détails sont horribles, mais on n'a pas non plus à faire à des effusions de sang ou d'horreur. Il y a un peu de violence, mais pas trop. Et on suit Billy le long de son enquête pour savoir ce qu'il lui arrive. On assiste à la destruction de son couple, notre héros reprochant à sa femme de lui avoir saisi le zizi alors qu'elle n'avait jamais accomplit ceci auparavant. Bref, on voit le personnage sombrer, et ceci est le vrai côté effrayant du récit.
Comme d'habitude chez King, rien de trop complexe. On enchaîne les pages aisément, et on suit cette histoire passionnante, jusqu'au dénouement assez difficile à encaisser. J'ai beaucoup aimé le dernier arc, quand Billy demande de l'aide au mafieux, et que l'on nous détaille tout ce que ce dernier a fait après coup. Le dernier chapitre est impressionnant. Quand on comprend ce qu'il s'est passé et ce que Billy va faire, on reste stupéfait.
On retrouve un peu cette fascination qu'à Stephen King pour les Gitans, comme on le verra plus tard dans "Docteur Sleep". Bon, je reconnais que par moment, il décrit un peu trop la situation, surtout à la fin quand son ami lui explique ce qu'il a fait pour arriver à ses fins. Mais ça passe plutôt bien. Oui, aussi, ce n'est pas le livre du siècle, mais il reste agréable à lire. Et si j'ai mis 6 mois à le lire c'est uniquement parce que j'ai tendance à tout commencer d'un coup. La preuve étant que j'ai fini la dernière moitié du livre en une semaine (ce qui vous donne une idée du temps mis pour lire la première moitié).
Après, à qui le conseiller ? C'est délicat. Il y a moins l'aspect visionnaire de "Marche ou crève" et "Running Man". Ici, nous avons une part de surnaturel malgré tout, qui surprend de la part de Bachman (mais pas de King). L'horreur intervient surtout sur le côté psychologique du personnage principal. Mais elle ne terrorise pas non plus, la faute à l'absence de scène forte et vraiment dégueulasse je pense. Pourtant, ça se lit bien. Si vous aimez King, vous serez déçu.e.s par le manque de passages vraiment horrifiques. Si c'est Bachman que vous appréciez, le côté surnaturel de la chose, qui trouve pourtant une explication psychique (si Billy n'avait eu aucun remords, le sort n'aurait certainement pas fonctionné), le côté surnaturel risque de rebuter.
Si ce n'est pas le roman le plus marquant de sa carrière, l'histoire reste contée simplement, et arrive à capter la lectrice et le lecteur. Ce qui est déjà pas mal. Bon, j'avoue que j'aurai certainement oublié ce livre dans un an, mais il reste sympa à lire sur le moment, et c'est déjà pas mal. Pas impérissable, mais agréable à parcourir. Il reste difficile à conseiller pourtant. Mieux vaut débuter par "Carrie", "Cujo", "Salem", "Simetierre", "Marche ou crève" ou bien "Running Man" selon moi. Je ne regrette pas de l'avoir lu, juste qu'il y a mieux à découvrir avant je pense.
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