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Cultivons la curiosité

Le Menu

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Parfois, voir une bande annonce au cinéma permet de découvrir un film qui peut nous intéresser. Reconnaissons que nous subissons plus le combo publicité et bande annonce pré-séance qu'autre chose, mais c'est ainsi. C'est ainsi que j'ai pu découvrir un petit film issu de la branche indépendante de la 20th Century Studios (nommée Fox Searchlight). Le nom était simple, "Le Menu", "The Menu" en version originale.

Alors, quand le film est sorti le 23 novembre dernier en France, il me paraissait difficile de le rater. J'ai laissé passer trop de film cet été, pour avoir la flemme de retourner dans les salles obscures. Oui, j'avais dit dans l'article de "Black Adam" que c'était plus par une faiblesse de la programmation que par flemme, mais honnêtement, il y avait un peu des deux.

Alors que c'est assez rare pour ma part, le timing était enfin parfait pour aller voir le film du jour la semaine de sa sortie. Le vendredi soir vu que vous êtes curieuses et curieux. Dans une salle honorable, d'environ 175 places, malheureusement bien trop vide à mon goût. Petit bande annonce d'un film qui va nous happer pendant 1h45, qui est réalisé par Mark Mylod, et co-scénarisé par Seth Reiss et Will Tracy.

Vidéo de 20th Century Studios FR

Il est vraiment délicat d'en parler sans risquer de trop en révéler. Je vais tout de même tenter d'accomplir cette tâche, avec ou sans brio. Mais, avant tout, de quoi s'agit-il ? Margot (Anya Taylor-Joy) accompagne son petit ami Tyler (Nicholas Hoult) pour ce qui s'annonce être l'expérience culinaire de sa vie. Le jeune homme est excité à l'idée de dîner enfin dans le restaurant de son chef préféré, Julian Slowik (Ralph Fiennes).

Il faut prendre un petit bateau assez confortable, ceci afin de rejoindre l'île sur laquelle est le restaurant. Une petit île, où ne réside que les commis de cuisine, le personnel ainsi que le chef. La carte évolue en fonction des saisons, et n'offre que des produits locaux, fraîchement péchés ou cueillis le jour même.

Avant tout, ce qu'il faut expliquer, c'est que sur l'embarcadère, Tyler nous explique le concept. Une douzaine de clients et clientes ont l'immense honneur de dépenser 1200$ pour une soirée exceptionnelle. Margot se demande bien pourquoi Tyler a dépensé une telle somme, mais du moment que c'est lui qui paye, peu importe.

Dans la clientèle, nous allons trouver une critique gastronomique hautaine, Liliane Bloom (Janet McTeer), accompagnée par le rédacteur en chef du journal qui l'engage, Ted (Paul Adelstein). Nous aurons 3 jeunes loups de la finance, Soren (Arturo Castro), Bryce (Rob Yang) et Dave (Mark St. Cyr). Un ancien acteur connu du nom de George Diaz (John Leguizamo) et son agente Felicity (Aimee Carrero). Et un couple de personnes âgées, les Liebbrandt, Anne (Judith Light) et Richard (Reed Birney). Tout ce petit monde sera accueilli par Elsa (Hong Chau).

D'ailleurs, sur le ponton, on sent qu'il y a un problème avec le jeune couple formé par Tyler et Margot. Cette dernière n'était pas prévue, une autre demoiselle devant accompagner l'homme. Ceci créé une petite gêne, mais sans plus. Après une visite de l'île, de son écosystème, qui permet de cerner les personnalités présentes, arrive enfin le repas.

Durant cette introduction un peu lente d'environ 20 minutes, on devine que le trio de jeunes hommes est arrogant et vient célébrer une future carrière prolifique en argent. Ils sont des sortes de "loups" de la finance, et sont associés avec le propriétaire du restaurant. Dont j'ai paumé le nom. Le duo de journalistes culinaires, ou critiques gastronomiques comme vous voulez, note tout, et s'enjaille d'un rien, avec un ton particulièrement, comment dire, de la "Haute". Pas Haute Loire, de la Haute société quoi.

Le couple Liebbrandt est exempté de la visite, vu qu'il est déjà venu plusieurs fois sur l'île. George Diaz est plus préoccupé sur comment relancer sa carrière qu'autre chose, même si il veut s'offrir avec son agente un bon moment (on ignore si il y a une liaison entre eux, juste qu'elle veut démissionner de son poste). Reste le couple de jeunes, avec un Tyler enthousiaste et un peu trop fanatique le long de la visite. Il est excité comme un enfant la veille de Noël. Seule Margot ne semble pas trop impressionnée. On devine que c'est à la dernière minute qu'elle s'est retrouvée ici, et passe juste un bon moment, sans plus.

On nous présente ensuite ce repas comme une œuvre d'art. Alors que les "Amuse-bouches" sont servis, puis les plats défilent, avec une explication du chef, qui mène sa cuisine de façon ferme. Cuisine ouverte sur la salle du restaurant, ainsi, les convives voient le repas se préparer de leurs tables. Un truc gêne le chef concernant Margot, elle ne devrait pas être là. Et c'est à partir du troisième plat (il me semble), que l'on tombe, à l'instar d'un bon film de Danny Boyle, sur une bascule dans l'horreur.

Certes, la scène est violente, car on ne s'y attend pas du tout (merde, du coup j'vous ai plus ou moins révélé un truc, désolé). Dès lors, d'un simple film sur la cuisine, on tombe sur un thriller, qui va, comme vous l'avez vu dans la bande annonce, se transformer en jeu de survie. Ce qui est faux. Car ici, oui, on aura 3 ou 4 scènes violentes (4 si vous avec des testicules, vous comprendrez pourquoi en voyant le film). Dont une assez gore. Mais le reste du temps, nous sommes sur un film à l'humour caustique.

Vous savez, cet humour noir, sarcastique, qui nous fait rire dans des situations absolument pas drôles. Les personnages ignorant comment réagir. Lors de la première scène violente, voir tout l'égocentrisme de la critique gastronomique "tout ceci est une mise en scène pour Moi, incroyable, je savais que j'étais spéciale pour que le Chef m'écrive personnellement". Et ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Seule Margot n'est pas à sa place. Il est étonnant de voir Slowik essayer de la sauver. Même si rapidement on devine les intentions du Chef.

Je me souviens de cette phrase, de plusieurs phrases en fait, dans lesquelles les scénaristes attaquent frontalement les riches. Entre le fait que certains restaurants ont pu rester ouverts lors du Covid (c'est juste une phrase dans le film, mais ça attaque directement la pseudo élite). Et aussi quand Slowik expliquera qu'ils auraient au moins pu essayer de s'échapper, que cela aurait certainement fonctionné, les scénaristes ici nous disent que les riches sont lâches.

Entre les jeunes incapables de savourer les plats, les clients réguliers qui n'arrivent pas à nommer un des anciens mets dégustés les précédentes fois. L'acteur déchu qui a fait perdre un soir de repos au Chef (dans sa jeunesse) avec son mauvais film...bref. Toute la société qui a "réussi" en prend pour son grade, et c'est juste un régal à voir. Les moments violents choquent et marquent, tandis que l'humour noir fonctionne carrément sur moi.

Si vous avez vu "À couteaux tirés" (dont la suite arrive sur Netflix), nous sommes sur le même message. Exactement le même message. Délivré différemment. Il y a des points de bascule, entre le troisième plat, la convocation de Margot par le Chef, où l'on en découvre plus sur la jeune femme. C'est d'ailleurs à ce moment précis que l'on devine la critique du monde de la "Haute", de la pseudo "élite". Mais je vous laisse évidemment découvrir le reste.

Entre la réalisation sobre, la distribution parfaite, avec un jeu des acteurs et des actrices qui fonctionne (même en version française), et un scénario virulent contre les hautes sphères, nous tenons là un film plus que bon à voir. Il faut accrocher à l'humour très sombre, aux rares moments de violences, qui sont là pour choquer (et ça fonctionne). Au scénario très engagé, à la fois anti-capitaliste et progressiste. Seul défaut, il n'est pas trop question de politique. Mais peu importe car le plaisir reste intact. Le duo Anya Taylor-Joy/Ralph Fiennes offre des moments de tensions spectaculaires.

Dernier point que j'ai oublié, l'aspect fanatique de Tyler. On peut y voir dans ce personnage la quintessence des fans, qu'importe le domaine. J'y ai personnellement vu l'aspect beaucoup trop engagé des fans de KPop (mais aussi de football ou tout autre domaine), aveuglé.e.s par leurs artistes favoris au point d'insulter les autres. Ici, ce sera aussi le cas avec Tyler qui va rapidement rester enfermé dans sa bulle, dans son bon plaisir, au point de ramener Margot à sa condition (que je ne peux citer ici). Si Margot est le personnage le plus plaisant du film (heureusement car c'est l'héroïne), Tyler reste fascinant. Lorsqu'il faut fuir, car il semble que le but soit d'émasculer les hommes, lui attend, au point que le Chef doit lui dire de se cacher.

Il est difficile d'en parler. C'est un film qui réussit le pari de divertir et faire réfléchir en même temps. Sans trop casser la tête. C'est un pamphlet contre les riches. Je ne vois pas d'autres termes. Entre les jeunes hommes blancs fanatiques qui sont trop égoïstes pour aider les autres (aveuglés par leur fanatisme donc), et les autres qui sont eux aussi imbus de leur personne (la critique gastronomique est incroyable dans ses réactions), le film offre vraiment plusieurs messages. Ils sont assez clairs pour que tout le monde y trouve quelque chose d'intéressant. Un film à voir j'estime, que j'ai adoré.

@+

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