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Cultivons la curiosité

Michel Vaillant - L'Intégrale 01 - Jean Graton

Michel Vaillant - L'Intégrale 01 - Jean Graton

Il est des noms qui paraissent familiers, mais dont vous vous rendez compte que vous ne les connaissez pas bien. Comme pour "Garfield", tout part de mon enfance. Je me revois parcourir un tome des années 80-90 de Michel Vaillant. Avec des courses automobiles drôlement bien dessinées. Mais, là c'est mois reluisant, nous nous amusions, avec un camarade de classe, à remplacer les "Vrouuuumm" par des... c'est la honte, par des "Prouuuuuut". Voilà donc l'image que j'ai de cette saga créée par Michel Graton en 1957.

 

Comme pour "Les Schtroumpfs", "Valérian et Laureline" ainsi que "Tanguy & Laverdure", il fût un temps où l'intégrale était proposée sous forme d'abonnement à prendre. J'ignore si c'était les éditions Hachette, mais j'avais hésité à la faire. Le souvenir du "Prout" me stoppa net. Seulement, j'ai récemment vu une très bonne vidéo parlant de cette bande dessinée du YouTuber "The Reg". Surtout connu pour ses vidéos sur "Les Simpson", il a offert 82 minutes de passion aux personnes voulant bien regarder cette vidéo, et ceci m'a convaincu d'essayer, au début. Le lien vers cette excellente vidéo est disponible en fin de chronique.

 

Après une petite recherche pour voir si les éditions Hachette ou Altaya ne faisaient pas une réédition, j'ai constaté que les éditions Graton (via Dupuis) éditaient une très belle intégrale. Pour 29.95€, on peut avoir 3 tomes, ainsi que des petits bonus contextuels forts sympathiques. Qu'à cela ne tienne, je décide de voir ce que donne les 2 premières intégrales, et dès la première, je peux dire que c'est un grand oui. La grande épaisseur du tome n'empêche pas sa bonne lecture, tout juste la manipulation s'avère un peu délicate, la faute à son poids.

 

Donc, ici, nous avons de regroupé les premières histoires courtes de Michel Vaillant, avec des débuts marrants, où notre futur pilote de talent cache à son papounet ses talents justement. On retrouve aussi une préface de Alain Prost, et un texte expliquant la création de Michel Vaillant. Au milieu, nous avons les 3 tomes, "Le Grand Défi" (1959), "Le Pilote Sans Visage" (1960) et "Le Circuit De La Peur" (1961). Puis un petit dossier sur ce qu'étaient les courses automobiles entre 1955 et 1960.

 

C'est bien pratique, car on comprend plus facilement pourquoi Jean Graton, et Bernard Cahier (qui signe le texte final), aiment spécifiquement le sport automobile. On recontextualise aisément les mécaniques d'époque. Et on ne pourra que constater que Jean Graton est un immense amoureux de l'automobile, plus particulièrement du sport auto. Il va intégrer son héros et toute une famille avec une précision chirurgicale, un souci du détail effrayant, qui rendent passionnantes ces aventures.

 

Mais, de quoi ça parle ? De Michel Vaillant. Question suivante. Plus sérieusement, Henri Vaillant (hommage à Henry Ford ?) est un monsieur créateur et propriétaire de la marque automobile française Vaillante. Fleuron de l'industrie hexagonale, il construit des voitures de tous les jours, grosses berlines ou décapotables moins encombrantes. Seulement, pour promouvoir tout cela, il n'y a rien de mieux que le sport automobile. Sauf que nous sommes dans les années 50, et que le championnat de Formule 1 existe depuis 1950. Ce sont surtout les 24 heures du Mans qui attirent toute l'attention.

 

Henri a 2 fils, Jean-Pierre, pilote mais surtout ingénieur émérite. Et Michel. Ce dernier sera introduit comme le vilain petit canard dans une histoire courte inédite. Cette histoire, c'est "Bon Sang Ne Peut Mentir" et en 4 pages, on va découvrir le talent de Michel pour le pilotage, en même temps que son paternel. Ce que l'on va découvrir aussi, c'est un autre temps. Et c'est là qu'il est délicat de plonger dans l'univers du pilote de course depuis ses débuts.

 

Le patriarcat est tout puissant ici. Si on le voit pas trop dans la première histoire courte, le reste offrira pas mal de machisme, voire misogynie. Même si Jean Graton met de l'eau dans son vin et n'est pas si violent que cela contre les femmes. Par contre, les mots employés font faire un bond dans le temps assez effrayant. Tout comme les comportements de certains personnages. Les colères noires, que vous avez forcément connues si vous avez été élevé.e.s par des "boomers", mais le pire étant cet album où la mère de Michel Vaillant lui demande d'aller se faire couper les cheveux à longueur de temps, alors qu'ils sont courts. Elle le traitera de "Romanichel" à la fin. Un autre temps.

 

Le dessin en lui-même par contre n'a pas bougé. C'était beau en 1959-1961, c'est toujours beau et détaillé en 2023. Les couleurs sont parfois un peu criardes, mais nous sommes loin des Marvel des années 90. Le sens du découpage de l'action est bon, voire très bon. Seul défaut, parfois ça parle énormément. Jean Graton fait office de narrateur, et parfois il explique des choses. Mais de façon affreusement longue. Alors, on comprend, et d'un côté ça permet de constater que les règles ont bien changé avec le temps, mais par moment on prend 5 minutes tant on vient de lire un roman.

 

Les histoires en elles-mêmes s'avèrent prenantes. Si on passe les dialogues par moment d'un autre temps, on se retrouve happé. Certes, c'est assez simple, mais on se retrouve à vivre des grand prix de formule 1 (d'époque), ou des épreuves d'endurance, de l'intérieur. J'ai pensé à l'excellent film "Le Mans". On retrouve exactement ça. Et c'est là que l'on prend le sens du détail (et la passion) de Jean Graton en pleine figure. Il aime assister à ces courses, et ça se ressent sur le papier. On retrouve des pilotes d'époque, et des courses connues.

 

Il y aura aussi cet adversaire en la personnalité de Steve Warson, au début farouche ennemi de notre héros, qui deviendront amis, puis simples concurrents (voire coéquipiers). On se retrouve aussi dans la guerre froide entre États-Unis d'Amérique et Union Soviétique. Qui trouvera son sommet dans la troisième grande histoire. Avec les Européens qui veulent participer à la lutte automobile entre les 2 géants.

 

Alors, niveau défaut, il y a peut-être le fait que Michel soit parfait. Si il ne gagne pas tout, quand il perd, c'est souvent dû à un événement extérieur. Il est un pilote talentueux, limite invincible, et c'est un peu énervant. Comme Max Verstappen si vous voulez. Autre défaut, déjà évoqué, le fait qu'il faille recontextualiser sans cesse. Car des termes sont inusités de nos jours. On tombe aussi sur une camaraderie un peu exacerbées. "Mon copain" etc... ou Henri qui est particulièrement colérique.

 

Quoique nous verrons lors du tome "Le pilote Sans Visage" que Michel peut être un con quand quelque chose le tourmente. C'est complètement patriarcal, les hommes sont importants, et même si Agnès s'avère plutôt importante, les personnages féminins ne servent que de faire valoir. C'est un gros défaut, mais qu'il est important de mettre dans le contexte des années 50-60. Les femmes sont des femmes au foyer ou secrétaires, et puis c'est tout. Elles servent les hommes qui prennent tous les risques et toutes les décisions.

 

Sinon, cette plongée dans les courses des années 50-60, tout en nous montrant rapidement l'industrie automobile, et bien c'est sympathique. Il y a un peu de roman policier ici, avec parfois des enquêtes autour de choses arrivant durant les courses, mais rien de fou non plus. Oui, Michel est énervant à être parfait, mais certains personnages secondaires ont tout de même de l'importance (Jean-Pierre ou Steve Warson notamment). Au final, si vous aimez l'automobile, et l'histoire du sport automobile, c'est pour vous. Assez captivant, ce sont surtout les dessins incroyables de Jean Graton qui enchantent. Il aborde tous types de courses, montre de nombreuses voitures. J'ai adoré.

 

@+

Vidéo de The Reg

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