Cultivons la curiosité
Après une année 2020 mouvementée, qui a vu les déprogrammations arriver en cascade, il faut reconnaître que 2021, malgré des débuts compliqués, est en quelques sorte un renouveau. Une volonté de se sortir de cette période morose. Ainsi, alors que je voyais souvent des gens s'amuser fortement toute une nuit à regarder des films pas terribles mais attachants, j'ai eu envie de renouer avec les sorties. Plus particulièrement avec les sorties à la capitale, à savoir Paris. Reconnaissons qu'il n'était guère gagné pour moi de retrouver aussi tôt les bousculades parisiennes pour prendre le métro. Ou pire, me faire enfermer pendant presque 3 heures dans un wagon de TGV.
Pourtant, l'envie fût forte quand je constata qu'une connaissance Twitter allait franchir le pas. Celui de se rendre à la Nuit Nanarland 5 le 25 septembre 2021. N'hésitant qu'une demie journée, je pris assez tôt mon billet pour ce moment qui allait s'avérer mémorable. 20€ pour 11 heures de divertissement, avouez que ce n'est pas cher payé de l'heure. Certes cela impliquait de prendre un billet aller retour de TER et de TGV pour ma part, mais c'était une chose que j'étais prêt à accomplir, afin de retrouver un petit goût de la vie d'avant. En effet, depuis Japan Expo 2019, en juillet 2019, je n'étais plus remonté à la capitale. Et pourtant, un concert d'Avril Lavigne et puis un de SCANDAL étaient prévus.
Cette chronique sera scindée en deux. Comme vous le constatez, l'heure est inhabituelle. En effet, il y a une semaine pile, le 25 septembre 2021 à 20h00, la soirée débutait. Et elle s'annonçait délicate à appréhender (difficile de rester éveillé tout ce temps), mais immensément drôle. Au delà du plaisir de rencontrer des gens connus que sur Twitter (même si personnellement, je me suis fait un peu petit, alors que j'aurais pu discuter avec une grosse partie de la team de l'excellent podcast VHS & Canapé), c'était surtout la volonté de vivre cette ambiance si particulière des fans de nanards, de mauvais films attachants qui était prépondérante.
Le programme se déroula ainsi. Il faut arriver très tôt pour avoir un bonne place dans la file. Puis on attend, en apprenant à connaître nos connaissances Twitter, mais en vrai. Et enfin les portes s'ouvrent. Le Grand Rex (j'ai oublié de dire que la nuit se déroulait dans ce cinéma) possède une immense salle. Donnée pour 2800 places sur 3 étages. Les places du rez-de-chaussée sont les plus confortables. Et qu'importe le placement, on voit très bien l'écran immense. La salle en elle-même est impressionnante, quand on sait que la population entière (ou presque) de Langogne entre ici, ça donne le tournis.
Bref, une fois le passe sanitaire scanné, avec un tampon en prime, c'est au tour du billet, qui offre un joli bracelet jaune. D'ailleurs, voici à quoi cela ressemblait. J'en profite aussi pour vous montrer une vue de ma position dans la salle.
Donc, la Nuit Excentrique fût tout d'abord diffusée à la Cinémathèque Française. En 2005 il me semble. Avant de partir dans l'immense salle du Grand Rex. Puis finalement, elle se transforma en Nuit Nanarland, du nom de l'excellent site parlant des Nanards. L'émission "Escale à Nanarland" m'a convaincu de voir quelques pépites qui méritent le détour. "Le Clandestin" notamment, qui fut diffusé en 2019, lors de la quatrième nuit Nanarland. Donc, après une année blanche, faute de pandémie, c'est dans une ambiance survoltée que la soirée démarra. On nous explique le déroulé, à savoir que des montages interviennent avant chacun des quatre films proposés.
Des extraits de Nanards notamment, 2 vidéos de 12 minutes durant lesquelles on enchaîne les fous rires. Pris en sandwich au milieu de ces montages vidéos, une sélection de bande annonce pas piquée des hannetons. Hilarantes aussi. J'avoue que la première sélection a donné le ton, avec notamment la présence de Gamera, qui fait toujours plaisir. J'avais rarement autant ri au cinéma j'avoue. Donc ce schéma se répétera avant chaque film. Sachant que des personnes interviennent pour nous expliquer ce que nous allons voir, mais aussi pour faire un quiz à la fin de chaque entracte.
Au nombre de 3, ils durent 30 minutes et permettent d'aller rapidement se restaurer au bar du Grand Rex (ouvert toute la nuit), ou d'aller faire un besoin pressant. Souci, si du côté des femmes, l'attente est limitée, chez les hommes c'est la queue. Il ne faut pas hésiter à sacrifier une partie d'un film ou d'une intervention pour y aller quand c'est plus calme. Car oui, le public est essentiellement masculin, et quand on voit les œuvres présentées, on comprend pourquoi.
C'est donc après la franche rigolade offerte par des montages d'extraits ou présentation de bande annonce, que l'on débute le premier film. "Piège Mortel à Hawaï". Signé Andy Sidaris, on sent que le monsieur n'a pas beaucoup de moyen, mais se démerde comme il peut. Les actrices sont surtout issues de Playboy, mais bon, les acteurs ne sont guère plus bons. Et pourtant, cette histoire improbable de serpent contaminé avec des trafiquants qui vont essayer de prendre le contrôle de l'île paradisiaque, et bien elle captive.
On pardonnera même le sexisme dégueulasse, qui s'avère plus drôle qu'autre chose. Les héroïnes souvent dénudées (les plans nichons sont légions), et les héros qui offrent des dialogues qui ne passeraient pas de nos jours. Par exemple quand un des héros envoie un frisbee à une jeune femme (comme elle-même le faisait un peu plus tôt avec son chien...), il l'interpelle pour lui signaler qu'elle a un bel arrière train, ce à quoi la femme répond par un large sourire. Vous voyez le niveau. J'ai oublié de préciser que le film date de 1987 et dure 96 minutes. Qui passent rapidement en vérité.
Mais clairement, entre un héros incapable de viser juste avec autre chose qu'un bazooka, un serpent contaminé qui va apporter son lot d'horreur hilarante, et des dialogues en version française à se tordre de rire, on passe un excellent moment devant ce que l'on peut nommer comme un excellent Nanard. D'ailleurs en voici une bande annonce en version originale.
Vidéo de Mill Creek Entertainement
De l'action, des boobs, des bazookas, des explosions, des méchants, des gentils, des combats, un serpent. Et j'en passe. Le tout joliment mal joué, et montrant des situations parfois un peu ridicules. Mais le film captive. Non pas par sa médiocrité, car il est plutôt bien emballé, mais par ses idées complétement pétées. Je ne me remets pas du skateur avec la poupée gonflable. C'est une scène à voir obligatoirement tellement ça n'a aucun sens.
C'est d'ailleurs ce qui la rend drôle. Tout comme les dialogues, qui font indéniablement rire. Si je ne le conseille pas aux personnes hostiles aux mauvais films, en le regardant au second degré, j'avoue qu'il est parfait. Allez, même pour débuter niveau Nanard, il fonctionne et montre bien ce qu'est ce genre de film.
Il est 23h00, j'ai passé un bon moment, je suis prêt à aller me coucher, le coup de barre se fait ressentir, sauf que ce n'est que le premier entracte. Oui, je ne ferai pas un détail complet des films, désolé, mais j'avoue qu'à ce moment là, à la fin de "Piège mortel à Hawaï", j'étais content d'être là, et je ne regrettais pas mes 20€. Pour la suite et conclusion de cette soirée, il vous faudra attendre le prochain article qui arrive rapidement. En attendant, et bien je vous dit @+