Sausage Party : La vie privée des aliments

Alors, comment vous expliquer pourquoi nous nous retrouvons à voir ce film. Commençons par le début. C'est toujours mieux. Il y a quelques années, Priceminister fût racheté par le gros groupe japonais Rakuten. Un petit peu avant de prendre définitivement le nom de ce dernier, une plateforme fût mise en avant par le site de vente. Rakuten TV propose des VOD mais aussi des films ou séries à l'achat en dématérialisé. Pour promouvoir cette nouvelle plateforme, Priceminister proposa de louer des films sur son site, et de nous rembourser intégralement en "Rakuten Points".

C'est ainsi que j'ai profité de cette promotion afin de louer des films, il me semble en avoir déjà parlé même si je ne me souviens plus desquels. Mais, en même temps, des films furent offerts à l'achat numérique pour une commande effectuée lors d'un jour spécifique. Là aussi, j'en ai profité pour faire une petite vidéothèque numérique sur ce service de plateforme vidéo. Service qui est disponible sur la plupart des télévisions connectées, consoles et autres boxes Android TV. Le film offert était à sélectionner dans une sélection précise, mais les titres n'étaient pas mauvais.

Vous le savez, quand c'est gratuit ou pas cher, on essaie de prendre des risques sur Ashou. Voici comment le film co-réalisé par Conrad Vernon et Greg Tiernan se retrouva en ma possession. Après avoir longtemps hésité à le faire, car lors de sa sortie en 2016, il fit grand bruit, nous voilà enfin devant ce film d'animation en images de synthèses, mais pour adultes. Regardons la bande annonce en version française (VF) tandis que je l'ai vu en version originale sous titrée en français (VOSTFr).

Le résumé est assez simple. Vous prenez "Toy Story", vous remplacez les jouets par de la nourriture ou des objets vendu.e.s en hypermarché. Vous ajoutez du "South Park" tout en ajoutant beaucoup de sauce piquante (notamment des allusions sexuelles). Vous mélangez. Et voilà. Vous avez un film destiné aux adultes, mais qui ne plaira qu'aux ados. C'est un peu spécial, mais c'est ainsi que l'on peut le mieux décrire "Sausage Party".

Commençons par la technique. Les réalisateurs sont cités, donc voyons voir les scénaristes, Seth Rogen, Evan Goldberg, Kyle Hunter et Ariel Shaffir. Se mettre à 4 pour écrire ça. Ok. Pourquoi pas après tout. Dans les voix originales on retrouve Seth Rogen, mais aussi Jonah Hill, Michael Cera, James Franco, Paul Rudd, Edward Norton, Salma Hayek et Kristen Wiig. Le cast vocal est impressionnant. En français, ce sont des comédiens et comédiennes de doublage rompu.e.s à l'exercice. La seule voix "connue" est celle de l'animateur Cyril Hanouna. Passons, car je n'ai pas vu ce film en VF.

Le film dure 1h28 et se paye une tonne de controverse. La plus dégueulasse concernant celle sur les conditions de travail des animateurs et animatrices, donc un gros tiers ne seront même pas crédité.e.s en raison des plaintes qu'elles et ils ont déposé. Super ambiance quoi. Mais quand en plus on sait que la majorité de l'humour du film tourne autour du sexe, avec une partouze géante en fin de film, on se demande comment ce long métrage a pu sortir.

Donc voyons l'histoire. C'est un matin comme tous les autres dans l'hypermarché local. Nous sommes bientôt le 4 Juillet, fête nationale des U.S.A., et les rayons s'éveillent tranquillement. On constate que nous allons suivre les produits vendus par ce magasin. Et que les héros et héroïnes seront des saucisses et des miches de hot dog. Dont l'objectif est de se glisser l'un dans l'autre. Le ton est donné. Mais avant tout, la petite chanson qui va bien.

Celle-ci montre le culte que voue tous les produits aux humains, ils les considèrent comme des Dieux, et être sélectionné par eux est un immense honneur. Hormis les injures et les allusions sexuelles qui n'en sont même pas vu que c'est hyper cru, on arrive à plonger dans cet univers. On le prend comme une grosse parodie de "Toy Story", c'est assez saisissant comme effet. Tout roule, et même si certains produits périmés sont jetés par l'employé du magasin, tout va bien dans le meilleur des mondes.

Bon, il y a bien la moutarde au miel qui est revenue en rayon suite à un retour d'un client. Elle indique l'horreur du monde de l'au-delà, mais est obligée de se taire sous peine de se faire scalper par le chef Indien WaterFire. La moutarde est choquée et provoquera une catastrophe le lendemain, mais ceci nous l'ignorons encore au moment de la fermeture de l'hypermarché.

La veille du 4 Juillet est un jour décisif pour les saucisses et les miches. C'est la certitude que tout le monde va partir pour l'au-delà. Et les personnages principaux seront sélectionnés, tout comme la moutarde au miel choquée de la veille. Il y a même la dernière douche vaginale du rayon qui partira vers un superbe monde de vagin à laver. Oui, ne cherchez pas. Ici, j'ai cru que c'était une brosse à chiotte, alors que non, c'est une poire qui permet de se laver le vagin. N'en ayant pas, j'ignorais qu'un tel produit existait.

Et dans le caddie, c'est la panique. La moutarde pète un câble et veut fuir. Tout en avertissant que l'autre monde est horrible, les humains n'étant pas bons et gentils. Ils font des choses horribles aux produits qu'ils achètent, et ça, moutarde au miel ne pourra pas le revoir. Notre saucisse héroïque essaiera bien de sauver la moutarde d'une chute fatale, mais rien n'y fait. Dans le chaos ambiant, la saucisse et sa miche prédestinée se retrouvent perdus dans le magasin, abandonnés, et c'est une grande aventure qui se présentent devant eux.

Est-ce que je vous parle de la Pita musulmane et du Bagel juif qui vont accompagner nos héros ? Passons. Surtout que j'ai encore en tête ce qu'ils feront à la fin, et ça fait bizarre. On suivra donc la saucisse et sa miche le long du magasin. Mais le point le plus important étant que la douche vaginale va se retrouver jetée à la poubelle suite à l'accident de caddie. Désormais, après avoir sucé le jus d'une barquette abandonnée et proche de la mort, Douche (son nom), va devenir maléfique, plus puissante, et ne songera qu'à se venger de la saucisse qu'elle juge responsable de son abandon par le joli vagin qui l'attendait.

En parallèle on suivra la petite saucisse, amie d'emballage de notre héros, qui va découvrir le monde extérieur. La scène de la cuisine fonctionne parfaitement. C'est un des rares moment où il n'y a pas d'allusion sexuelle d'ailleurs. Et cette scène est horrible. On y voit les aliments se faire maltraiter (cuisiner en fait) par la maîtresse de maison. C'est un moment d'une efficacité impressionnante, on ressent les émotions des aliments, la panique ambiante. J'ai beaucoup aimé cette scène.

Au fur et à mesure que notre héros saucisse va évoluer dans le magasin, il va découvrir l'effroyable vérité, la destinée inexorable des aliments. Ce sont les "impérissables" qui lui apprennent la nouvelle, suite à un calumet au cannabis qui fait bien planer. Ici, nos héros se retrouvent séparés, et on continue l'histoire. Jusqu'à la rébellion contre les humains. Encore une fois, on a droit à un bon passage, une grosse scène d'action, qui marche bien. Et c'est ainsi que l'on arrive au répit, à la partouze. Qui a fait tant de bruit. Honnêtement, c'est bien dégueulasse, mais la scène est très courte, et ne rend pas le film pire ou meilleur. C'est complétement débile et dans le ton porté sur le sexe que nous avons entendu jusqu'alors.

La fin est bien conçue je trouve. Marrante même. Et on ressort du film en se demandant "c'est quoi cette merde ?", mais en ayant passé tout de même 90 minutes pas ennuyantes. Alors attention, le film n'est pas bon. Ce qui gêne le plus ce sont ses allusions perpétuelles au sexe. Pas 30 secondes ne s'écoulent sans avoir droit à un truc sexuel. C'est lourd, très lourd. Un peu comme si un adolescent pubère avait écrit ce scénario, en couchant sur le papier toutes ses pensées, qui tournent essentiellement autour du sexe. On devine que le film fera rire le public peu regardant et porté sur la chose. Les plus jeunes n'y comprendront rien. Les plus vieux se demanderont en quoi c'est drôle.

Le public visé est très spécifique. L'ado pubère qui rigole pour un rien adorera. L'adulte peu regardant se marrera et trouvera ça "drôlement subversif". Mais ici nous ne sommes pas face à un "South Park" qui joue avec ses personnages, en leurs faisant dire des choses injurieuses sans qu'ils ne sachent trop ce que ça signifie. Dans "Sausage Party", les personnages savent de quoi ils parlent. Et ils ne pensent qu'au sexe et à s'insulter.

Et pourtant, je le redis, mais il y a de bonnes idées. Que ce soit ce mélange d'horreur, ce décalage avec des aliments qui ne pensent qu'à la baise. Même la mise en scène propose quelques fulgurances qui font encore plus regretter le côté "too much" du film. Le côté horrifique aurait pu être mieux exploité, comme quand la femme de Peanut Butter (confiture aux framboises) décède. Il y a aussi ces instants où le ketchup éclabousse, ou alors les chips qui explosent. Il y a avait moyen de faire beaucoup mieux, sans être aussi lourd sur le sexe. Même l'aspect vulgarité pourrait passer. Mais malheureusement cette volonté d'orienter le film dans le sexe subversif, bah ça met tout en l'air.

Comment dire, lourd sur ses allusions sexuelles. Rarement drôle alors que le principe de base est bien trouvé, proposant quelques trop rares fulgurances en terme de réalisation. Je ne peux pas vous le conseiller. Je n'ai pas détesté, mais de là à dire que c'est un film passable, non plus. C'est un mauvais film, prenant une base sympa, mais qui veut à tout prix être un film d'animation pour adulte, et use pour cela de poncifs trop faciles. Il n'y a rien ici de remarquable. Il n'est pas non plus ultra choquant. C'est juste un mauvais film. Mais ça, je l'ai déjà dit. Évitez-le, vous gagnerez 1h30 de vie.

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