Cultivons la curiosité
Vous pensez bien qu'après le succès du premier "Spider-Man", Columbia Pictures, via sa maison mère Sony, n'allait pas laisser la poule aux œufs d'or se reposer. Mieux, alors que les suites sont souvent paresseuses et cherchent à aller dans le "toujours plus", ici, Sam Raimi met en image le scénario de Alvin Sargent, qui va nous proposer une vision étonnante du héros.
Alors que le film fût visible en 2004 dans les salles obscures, une version longue, nommée 2.1, sortit en 2007 pour profiter du troisième opus. C'est cette version que nous allons voir. Elle offre 8 minutes de plus, essentiellement des scènes rallongées, ce qui porte à 2h16 la durée de ce long-métrage. Par contre, déception, le film perd "We Are" de Ana Johnsson en titre principal, à cause de la ressortie de cette nouvelle version. C'est un détail, mais ça m'attriste. Bande annonce en version française tandis que j'ai vu ce film en version originale sous titrée en français.
Vidéo de Cyril Hercend
Des choses se sont passées depuis 2 ans, et Peter Parker (Tobey Maguire) essaye tant bien que mal de conserver un petit boulot pour financer ses études. Seulement, sa double vie lui empêche d'avoir une existence normale et cadrée. Résultat, c'est la dèche, il est en retard dans son loyer, et il a perdu un peu de vue tous ses amis. Dont Mary Jane (Kirsten Dunst), qu'il a éconduit à la fin du premier film. Pour mieux la protéger.
D'ailleurs, tout roule pour la jolie rousse. Elle a été choisie pour être l'égérie d'un parfum de luxe, ce qui indirectement lui a ouvert les portes de la comédie. Elle peut enfin accomplir son rêve, jouer sur les planches. De plus, elle sort avec un très bel homme, qui semble ne manquer de rien. Pour Harry Osborn (James Franco), c'est plus délicat. Il ne se remet pas du décès de son père, qu'il impute à Spider-Man. Ce qui tend quelque peu la relation qu'il a avec Peter Parker. Le jeune homme étant connu comme étant le photographe officiel de l'homme araignée.
Même si on sent que le sujet Spider-Man est tabou entre les 2 amis, Harry n'en veut pas à Peter. Il va même l'aider à rencontrer le Docteur Otto Octavius (Alfred Molina), son idole sur laquelle il veut faire un exposé. Exposé qui pourrait sauver l'année d'étude de Peter soit dit au passage. Et c'est lors d'une démonstration impressionnante qu'un malencontreux accident va arriver. Le Docteur ayant utilisé un exosquelette à 4 bras mécaniques pour tenter de contrôler un Soleil miniature.
Je ne rentre pas dans les détails de l'expérience, parce que je ne suis pas assez doué, mais arriver à contrôler ceci permettrait de ne plus avoir de problème énergétique. Seulement, ça dérape, et tout est stoppé de justesse par Spider-Man. Octavius va s'évanouir, et alors que des médecins essayent de le sauver en le séparant de ses bras mécaniques, ces derniers prennent vie et achèvent, dans une réalisation horrifique, mais sans montrer la moindre goutte de sang, et d'une violence incroyable.
On devine que cette scène est rallongée ici, car elle est spectaculaire et prend vraiment aux tripes. le Docteur Octavius a fusionné avec les bras mécaniques, et sera désormais connu sous le nom de Docteur Octopus, nom trouvé par Jameson (le toujours parfait J. K. Simmons). Qui s'évertue toujours à anéantir la bonne réputation de Spider-Man soit dit au passage.
Reste que devant ses trop grandes responsabilités, Peter craque et commence à perdre pied. Le futur mariage de M.J. le met à plat, au point qu'il se retrouve à perdre ses pouvoirs. L'occasion parfaite pour le jeune homme qu'il est d'arrêter d'être un héros et de retrouver une vie normale. Être là pour sa tante, ses amis. Trouver un boulot perenne, et pourquoi pas sortir avec sa voisine ?
En fait, le film va nous offrir un début classique, durant lequel Peter Parker va se remettre en question, ici, nous aurons quelques petites scènes d'action (et une grosse il est vrai), mais on sent que le récit est orienté sur le personnage plus que le héros. D'ailleurs, on va avoir une grosse partie du film qui va nous montrer la vie de Peter sans Spider-Man. Le jeune homme tournant le dos à son penchant héroïque, pour mieux se concentrer sur sa vie.
Le voir tourner le dos à un innocent qui se mange des mandales par des voleurs, c'est très fort à montrer. Seulement, alors qu'il arrive enfin à épouser cette vie normale, Harry va mettre le Docteur Octopus sur les traces de Spider-Man, en lui confiant le nom de Peter Parker. Tout ça pour que le Doc obtienne le Tritium dont il a besoin afin de créer un nouveau mini Soleil.
Et c'est la scène dans le café avec Mary Jane (visible au début de la vidéo ci-dessus), qui fait replonger Peter dans le monde héroïque. Celle-ci servant encore de trophée à sauver, ce qui peut énerver de nos jours. À part se faire enlever telle une princesse du royaume Champignon, on a dû mal à apprécier MJ ici. C'est un des rares loupé du film d'ailleurs. Mais, en attendant, Spider-Man est de retour en ville, et Peter recouvre peu à peu ses pouvoirs, comme si c'était sa période de doute qui l'avait rendu "normal".
Tout ceci pour mieux nous offrir un enchaînement de deux grosses scènes d'action, rares dans ce film, dont celle du métro qui ne manquera pas de vous donner des crampes tant on s'accroche comme on peut. La fin est plus posée (une fois le Docteur Octopus vaincu), et on profite de ce moment pour malheureusement introduire un des méchants du prochain film, ce qui est dommageable je trouve. Sans parler du changement complet de MJ...
Reste que nous sommes face à un film de super héros peu conventionnel. Disons pour un gros film de studio. En y regardant bien, en terme de divertissement, et malgré 3 grosses scènes d'action (premier combat Spidey/Octopus, le Métro et combat final), le film est plutôt calme. Il prend le pari de montrer un héros en proie au doute, et ceci surprend. Longtemps estimé comme étant le meilleur film de super héros, je pense que ceci un peu bizarre.
Oui, c'est un excellent film, parfaitement mis en boîte, qui offre de bonnes sensations. Mais avouons-le, il n'est pas aussi divertissant que ce que le MCU peut proposer. Alors attention, je vous vois, vous voulez déjà me lancer une tomate. Mais je ne dis pas que le MCU est supérieur à ce film. Juste qu'ici, c'est plus subtil. Oui, on préférera un film intelligent, qui pose ses personnages et glorifie son petit nombre de scène d'action, afin de les rendre plus intense. Mais l'enfant qui sommeil en moi, le fan de Michael Bay qui est enfuit dans mon cerveau, et bah il veut du divertissement. Il y a écrit Spider-Man sur l'affiche, pas Peter Parker.
De plus, je trouve que le premier film de Sam Raimi offrait un meilleur compromis entre action et scènes plus intimes. Ici il y a un vrai creux, qui peut s'avérer pénible si on s'attend à de l'action à tout va. Ce qui peut rebuter. Ah, j'oubliais de dire que les effets spéciaux sont bons, mais moins bien implantés que dans le premier film. Ce dernier profitait d'une photographie sombre pour les cacher. Ici, c'est en plein jour, et par moment, on voit les fonds verts.
Pourtant, je reste subjugué par ce film. Je l'aime beaucoup, et on retrouve la qualité de la mise en scène de Sam Raimi. Qui nous offre un passage horrifique quand le Docteur Octopus s'éveille. On regrettera juste ce passage volontairement creux, qui peut rebuter. Le fait d'être attaché à Peter Parker permet de ne pas décrocher. Mais quand MJ se fait enlever telle une princesse en détresse, certes l'action redémarre, mais on est un peu déçu que ce soit encore ceci qui soit utilisé pour faire bouger notre héros. Bizarrement, j'ai préféré "Spider-Man" de 2002, à cette suite. Non pas qu'elle soit plus mauvaise, c'est juste que le premier me paraît mieux maîtrisé en terme de rythme. "Spider-Man 2" (ou 2.1) est un excellent film, qui offre une bonne suite au film de 2002, et malgré tout ce que je viens de dire, je l'ai beaucoup aimé, à voir.
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